Exclusif ! La Belgique sauvée par une pétition !
Réaction de Bart de Wever, dans une conférence de presse commune avec Jean-Marie Dedecker : "Moi je suis un légaliste, hein. Alors, si une pétition m'apprend que les francophones ne veulent pas que la Flandre prenne son indépendance, eh bien on ne va plus demander l'indépendance". Et J-M Dedecker, qui vient d'être nommé à la présidence de BUB, d'opiner énergiquement avant d'entamer une version bilingue de "La p'tite gayole".
A Anvers, Leuven, Bruges, Gand, et dans la plupart des villes flamandes, la population en délire s'est rassemblée en un mouvement spontané pour célébrer l'unité du pays, au son de "J'aime j'aime Durbuy" et scandant des slogans tels que "Ik hou van jou Wallonie" ou "Michel Daerden olé olééé !"...
Comme nous tenons nos lecteurs en trèèès haute estime, nous n'afficherons pas de bandeau "Ceci était une fiction"... La précision était toutefois utile pour ménager les plus Belgicains d'entre vous, jamais les derniers à sortir leur drapeau quand la patrie est en danger. A ce sujet, j'ai bien envie de citer quelques passage d'une interview d'Hervé Hasquin (Le Soir du 28/09/07), dont les propos assez durs ont le mérite de remettre certaines choses au point :
En parlant des médias francophones :
On essaie, côté francophone, de nous montrer qu’il y a encore des Belges. Et l’on nous montre et remontre LE Flamand qui se dit encore Belge.
Au sud du pays, on entretient le mythe que ce qui est en train de se passer dans ce pays, c’est de la seule faute des hommes politiques. Si les francophones comprenaient le flamand et prenaient le temps d’aller voir en Flandre ce qui se passe, ils verraient que les choses sont bien plus avancées qu’on ne le dit, en termes d’éloignement. Mais non, on vit dans le leurre et la duperie. Il est grand temps qu’on fasse comprendre aux francophones que, si, dans un pays, un groupe qui est majoritaire veut remettre une série de choses en question, la minorité doit s’adapter.
1) Le plus pathétique dans cette réaction tribale du retour au drapeau, c'est qu'elle se cantonne à une minorité parmi le groupe minoritaire, à savoir les bruxellois francophones et leurs collègues du Brabant wallon. Si le mouvement avait débuté en Flandre, cela aurait eu une certaine signification car c'est de là que sont issues les velléités séparatistes...
2) Je vois trois raisons d'être attaché à la Belgique :
- Pour l'expérience d'un Etat où se rencontrent plusieurs cultures dans un dialogue enrichissant et ouvert; Si le fédéralisme échoue, cela fera un coup dur pour les autres expériences multinationales dans le monde, y compris la construction européenne.
- Pour la solidarité inter-personnelle, qui gagne à être la plus étendue possible
- Par un certain attachement irrationnel aux symboles de l'Etat; ce qu'on appelle le patriotisme.
Selon moi, les deux premières raisons sont bien plus importantes que la troisième. Sans pour autant prétendre que je n'éprouverais pas une certaine nostalgie si la Belgique venait à se dissoudre, je crois que les constructions étatiques ont avant tout un but instrumental. La-dessus, je suis d'accord avec l'affirmation d'Yves Leterme ("La belgique n'est pas une valeur en soi"), même si celui-ci cherchait manifestement à se montrer provoquant.
Pour terminer, je constate que d'aucuns profitent que nous ayons le dos tourné pour envahir les commentaires de ce blog de pétitions en tout genre :)
Assez étonnamment, la tendance sur ce blog n'est pas uniquement aux pétitions emplies de patriotisme bon teint, plutôt fréquentes par les temps qui courent. Non, nous avons également droit à un projet rattachiste pour "l'après-Belgique", fort détaillé d'ailleurs, et qui accorde grâcieusement une pension à vie aux souverains actuels, au frais de la Wallofrance et de la Flandre, ou à défaut... de l'Allemagne et du Luxembourg ! Heureusement qu'on leur demande leur avis.
Sinon, j'aime aussi celle des "Wallons et Flamands indépendantistes et républicains de la gauche alternative anticapitaliste et antilibérale" (respirez), qui refuse de "donner à la droite le privilège de construire la post-Belgique"...
Par principe je ne fais pas de liens vers les pétitions, vous trouverez tout ça sur google si ça vous intéresse (ou dans les commentaires des précédents billets).
Qu'avons-nous encore dans ces commentaires ? Ah oui, il y a eu cette manifestation pro-belge à Louvain-la-Neuve... Brr, j'en ai encore froid dans le dos. Ca vous donnerait presque envie de voter N-VA des horreurs pareilles :)
J'ai malheureusement manqué ce grand moment de patriotisme puisque j'étais... en France, comme un ignoble traître à notre beau pays et à son invincible unité !
11 commentaires:
Bravo, pour ce bel article, après un petit sommeil, le blog se réveille et parle de la mini-crise actuelle mais heureusement pour donner un avis différent de celui de la vox populi, bruxello-brabançonne qui prend un peu trop de place particulièrement dans notre chere ville de Louvain-La-Neuve.
Les drapeaux belges aux fenêtres et les brabançonnes chantées d'une voix fière avec la main sur le coeur et presque une larme à l'oeil, c'est fait quand même pathétique! Restons lucide, courrir après union dont l'autre partenaire ne veut pas, ne va faire qu'augmenter l'agacement du dit partenaire! Il y a effectivement, comme il est bien dit dans l'article, des raisons de souhaiter un état central fort, mais elles ne sont surement pas de types patriotiques...
Bien à vous,
Je suis tout à fait d'accord avec toi Max. Fort pertinent article! J'ajouterai néanmoins qu'il y a une autre chose qui justifie le maintien de la Belgique à mes yeux c'est sa culture qui bien que indéfinissable et incernable fait partie de nous. Je pense en effet que malgré ce qui divise néerlandophones et francophones, nous avons encore toujours en commun cet "esprit belge" (désolé je n'ai pas trouvé d'expression moins ringarde). Bref, notre culture se trouve, selon moi, dans une sorte d'inconscient collectif belge. Mais c'est justement cela qui rend cette culture si belle et agréable. Et c'est cela aussi qui justifie le maintien de la Belgique car c'est selon moi une des valeurs ajoutées du plat pays, tout comme l'absence de nationalisme est une chance énorme mais dont on ne se rend pas assez compte malheureusement. Tout cela ne veux pas dire que je suis un "patriote" mais seulement un type qui se rend compte de la chance de vivre dans un pays sans nationalisme et qui apprécie cette "culture belge" malgré qu'il est impossible de la définir (car elle est multiple: flamande, walonnne, néerlandophone, germanophone, bruxelloise, fancophone, mondiale et européenne, enrichie des "nouveaux belges" venus d'ailleurs,...)
Comme un vent de fraicheur...
Je suis d'accord avec Benjamin, c'est vraiment un bel article :D
Nan mais merci pour les compliments donc.
Plus sérieusement, j'aimerais réagir par rapport à l'intervention de Florent :
En quoi la scission de la Belgique (toute improbable qu'elle soit, à mon opinion) entraînerait-elle la fin de cet "esprit belge" ?
La culture doit-elle forcément être liée une nation ?
Bien sûr, si par "esprit belge" tu entend la culture du compromis et l'état d'esprit particulier (sens de l'autodérision, de la dédramatisation... qui se perd de plus en plus d'ailleurs) auxquels nous a accoutumé les querelles linguistiques, autrement dit si cet "esprit belge" résultait du sempiternel conflit communautaire (simple hypothèse comme ça), alors oui la fin de ce conflit entraînerait la fin de l'esprit belge :)
Ben oui je pense que la culture est un des ciments d'une nation et à la fois un de ses développements et donc si ya plus de nation cette culture sera forcément mise à mal. De plus, si culture et nation n'avaient rien à voir l'une avec on l'autr, alors on pourrait se séparer en communes qui s'autogèrent et qui partagent plus ou moins la même culture. Je pense que quand on a quelque chose en commun (et je pense qu'on a bcp plus en commun qu'on ne le pense) on continue à vivre ensemble pour partager cela. Cela n'empêche pas qu'il y a aujourd'hui de profondes différences et une méconnaissance inquiétante de la culture de l'autre.
Enfin pour moi l'esprit belge ne s'arrête pas à l'autodérision, le sens du compromis,...et n'ai d'ailleurs pas grand chose avec les conflits communautaires (qui n'ont qu'apporté un truc positif c'est le sens du compromis, mais à coté de ca ya plein d'autres choses). Bref, tout ca est dans notre inconscient collectif et on ne s'en rend pas assez compte.
Mais quand un limbourgeois et un carolo se retrouvent des un camping dans le sud de la France, là ils se rendent compte qu'ils ont quelque chose en commun, et qu'ils ne sentent finalement pas très proches ni des français ni des hollandais, mais bien des gens de l'autre coté de la frontière linguistique
Que la culture soit un des ciments de la nation, c'est absolument clair. Mais ce n'est pas pour ça que l'inverse est vrai :p Ce n'est pas parce que les Etats-Nations ont récupéré la culture pour assoir leur légitimité que la culture doit forcément être nationale.
Pour moi, on peut très bien avoir une culture qui transcende les frontières étatiques/administratives. (après bien sûr ça dépend ce que tu entends par culture, et de ce que tu mets dans "les choses qu'un carolo et un limbourgeois ont en commun)
Bien sûr, le dialogue risque d'être rendu plus difficile par la suppression des institutions communes, mais il n'en est pas pour autant impossible.
Très bon article, si ce n'est que ta fiction me laisse de marbre :) Ca fait un peu trop candide...
Pour répondre à votre débat, j'appuierais Florent sur l'idée qu'un État fonde une culture et une langue et qu'il est rare qu'une culture apparaisse hors d'un état, sauf évidemment le cas de nations telles que... la Flandre !
C'est la raison pour laquelle je ne crois pas en cet "esprit belge" qui me semble enterré depuis longtemps.
Plus le temps passe, plus je suis étonné de voir à quel point le fossé est grand entre le limbourgeois et le carolo. Je me sens de moins en moins proche de mes compatriotes flamands et je crois que c'est le cas de beaucoup. Quand on va en Flandre, on a l'impression d'aller à l'étranger (les autoroutes sont pas exactement pareilles, les villes sont plus piétonnières et favorisent le vélo, etc.)... Bref, je crois qu'il faut faire ce constat : nous sommes différents. Il y avait peut-être bien un "esprit belge" dans la Belgique de Papa (et encore ! plutôt dans la Belgique de Grand-Papa) mais ce n'est plus le cas actuellement.
Quant à tes argument en faveur de l'État belge, je les trouve assez faibles (sauf un) :
1) L'histoire du dialogue et tout ça, c'est très joli mais je crois que c'est enterré depuis longtemps. Puis quand je vois la mesquinnerie des batailles communautaires (circulaire Peeters et autres), j'ai du mal à voir quelle richesse est générée par l'union belge. Au contraire, j'ai l'impression que le jour où l'on scindera, on pourra enfin produire chacun de son côté des choses constructives...
2) OK pour la solidarité interpersonnelle même si je n'ai pas spécialement envie de payer les retraites flamandes dans 15-20 ans. Scindons avant ! Ils l'auront mérité ! :)
3) Le patriotisme, de même que le nationalisme, le régionalisme, le localisme, etc ne sont que des sentiments irrationnels, certes, mais dangereux. Ce sont ceux-là même qui engendrent guerre, xénophobie, etc. Et d'une manière générale en Belgique, même les francophones n'ont pas beaucoup de respect pour l'État. Le Belge est intimement convaincu que tout ce que génère la Belgique est ridicule. C'est peut-être effectivement le seul "esprit belge" qu'il reste.
Non, plus pragmatiquement, je crois que deux raisons peuvent pousser au maintien d'un État fédéral :
- l'Economie puisque malgré tout les interdépendances sont fortes au sein de la Belgique et notamment les liens Bruxelles-Anvers et Bruxelles-Brabant wallon
- Le sort de Bruxelles qui, tant qu'il ne repose pas sur des bases acceptables pour les deux communautés, maintient paradoxalement par sa bancalité l'État belge...
à Cab : A propos de ma fiction "trop candide"... Tu as remarqué que j'étais ironique, rassure-moi ? :)
1) Je crois tout de même qu'il y a une culture politique commune (avec ses spécificités de part et d'autre de la taalgrens bien sûr) qui n'est pas négligeable, et que le conflit communautaire n'a pas été sans impact sur cette culture politique.
3) Entièrement d'accord, j'avais d'ailleurs pensé intégrer ça à mon billet, puis j'ai oublié :
S'il existe quelque chose comme une "belgitude", alors une de ses principales caractéristiques serait le refus de se prendre au sérieux, et le rejet des patriotismes et autres sentiments de fierté nationale... même si bien sûr les flamands comblent de plus en plus cette lacune par un attachement singulier aux drapeaux jaune et noir.
Mais de grâce, ne commençons pas à jouer les fiers après 177 ans d'auto-dérision...
Quand on a la jambe qui démange, qui gratte fort et longtemps et qu'il n'existe aucun remède APPARENT, autre que la patience... Il peut arriver que l'on veuille la couper parce qu'on ne supporte plus qu'elle nous fasse mal.
A force d'entrendre ce débat sur la Flandre et nous (nous, c'est les gentils et les flamants, c'est ceux qui grattent... on est d'accord), on peut en avoir amrre.
Tenons bon.
Ni eux, ni nous, n'avons d'intérêt dans la séparation du pays.
à Cab : A propos de ma fiction "trop candide"... Tu as remarqué que j'étais ironique, rassure-moi ? :)
Mais oui, bien sûr que j'ai remarqué :)
1) Je crois tout de même qu'il y a une culture politique commune (avec ses spécificités de part et d'autre de la taalgrens bien sûr) qui n'est pas négligeable, et que le conflit communautaire n'a pas été sans impact sur cette culture politique.
Précisément ! À mon sens, cette culture commune a été détruite par les 30 ans de conflits communautaires. En 30 ans, on a eu le temps de changer de génération et donc de mentalité.
Il est vraiment bien cet article même si je ne soutiens pas la troisième raison d'être attaché à la Belgique (patriotisme) et, encore moins, la quatrième (cette "fameuse" culture belge). On peut ajouter qu'en plus d'être géographiquement situé, le belgicanisme l'est socialement...
Enregistrer un commentaire