Et 148 jours plus tard, la Belgique n'est toujours pas morte
Je dis bien 148 jours (j'ai vérifié :D), même si certains sont déjà à 149 (pas pour rien qu'ils écrivent dans Vers l'avenir, ho ho ho !). Record quasi-battu donc, comme nous le rappellent nos quotidiens (et notamment La libre avec sa une particulièrement moche).
Après des mois de surplace, les négociateurs oranges et bleus entrent enfin dans le vif du sujet : l'institutionnel, et le dossier BHV en particulier. Et le rythme risque bien de s'emballer, avec la pression des parlementaires flamands qui menacent de faire passer la scission en force à la Chambre, par un vote communauté contre communauté. Les scénarios les plus dramatiques circulent à propos de ce cas de figure, et il ne me semble pas inutile de rappeler une chose ou l'autre :
Pour prévenir un tel "fait d'arme", il existe le mécanisme dit de "la sonnette d'alarme" (art. 54 de la Constitution) qui permet aux deux tiers des députés d'un groupe linguistique de bloquer un projet ou une proposition de loi, avant le vote final en séance, s'ils estiment qu'il est de nature "à porter gravement atteinte aux relations entre les communautés". A partir de ce moment, le conseil des ministres a 30 jours pour rendre un avis motivé sur la question. Mais d'après Marc Verdussen (UCL), "Si le gouvernement n'est pas en mesure de jouer ce rôle, parce qu'il est démissionnaire, il paraît logique de vouloir attendre l'arrivée de son successeur".
Pareil pour la procédure en conflit d'intérêt (art 32 de la loi du 9 août 1980), qui est susceptible d'atterrir devant le comité de consultation, composé des exécutifs des différents niveaux de pouvoir, en ce compris le fédéral.
Pas de risque d'une scission unilatérale donc. Par contre, du point de vue politique, il est probable que les conséquences de telles péripéties soient désastreuses : elles risqueraient de ruiner la confiance - mitigée - au sein de orange bleue en gestation, et d'aboutir à la rupture des négociations. Dans ce cas, deux solutions possibles : Soit la recherche, sur base des résultats du 10 juin, d'une nouvelle coalition (une tripartite probablement, voire une coaltion "d'union nationale" associant tous les partis démocratiques, comme le suggère Le Soir de ce matin); Soit de nouvelles élections, dont le résultat serait fort imprévisible en ces temps de crise.
Il semblerait bien que la sensibilisation de la population par le fameux docu-fiction de la RTBF ait un peu trop bien fonctionné... Evitons donc de dramatiser systématiquement : On est encore loin de la fin de la Belgique qu'on nous prophétise chaque jour depuis plus d'un an. Il existe des procédures pour résoudre les conflits entre communautés, et l'échec de l'orange bleue pour déstabilisant qu'il pourrait être, ne sonnera pas nécessairement le glas du dialogue entre les deux communautés.
Donc, De Wever est coupable, mais son avocat vous en convaincra mieux que moi !
('faudrait que j'arrête de finir tous mes billets en citant du Desproges moi :p)
Après des mois de surplace, les négociateurs oranges et bleus entrent enfin dans le vif du sujet : l'institutionnel, et le dossier BHV en particulier. Et le rythme risque bien de s'emballer, avec la pression des parlementaires flamands qui menacent de faire passer la scission en force à la Chambre, par un vote communauté contre communauté. Les scénarios les plus dramatiques circulent à propos de ce cas de figure, et il ne me semble pas inutile de rappeler une chose ou l'autre :
Pour prévenir un tel "fait d'arme", il existe le mécanisme dit de "la sonnette d'alarme" (art. 54 de la Constitution) qui permet aux deux tiers des députés d'un groupe linguistique de bloquer un projet ou une proposition de loi, avant le vote final en séance, s'ils estiment qu'il est de nature "à porter gravement atteinte aux relations entre les communautés". A partir de ce moment, le conseil des ministres a 30 jours pour rendre un avis motivé sur la question. Mais d'après Marc Verdussen (UCL), "Si le gouvernement n'est pas en mesure de jouer ce rôle, parce qu'il est démissionnaire, il paraît logique de vouloir attendre l'arrivée de son successeur".
Pareil pour la procédure en conflit d'intérêt (art 32 de la loi du 9 août 1980), qui est susceptible d'atterrir devant le comité de consultation, composé des exécutifs des différents niveaux de pouvoir, en ce compris le fédéral.
Pas de risque d'une scission unilatérale donc. Par contre, du point de vue politique, il est probable que les conséquences de telles péripéties soient désastreuses : elles risqueraient de ruiner la confiance - mitigée - au sein de orange bleue en gestation, et d'aboutir à la rupture des négociations. Dans ce cas, deux solutions possibles : Soit la recherche, sur base des résultats du 10 juin, d'une nouvelle coalition (une tripartite probablement, voire une coaltion "d'union nationale" associant tous les partis démocratiques, comme le suggère Le Soir de ce matin); Soit de nouvelles élections, dont le résultat serait fort imprévisible en ces temps de crise.
Il semblerait bien que la sensibilisation de la population par le fameux docu-fiction de la RTBF ait un peu trop bien fonctionné... Evitons donc de dramatiser systématiquement : On est encore loin de la fin de la Belgique qu'on nous prophétise chaque jour depuis plus d'un an. Il existe des procédures pour résoudre les conflits entre communautés, et l'échec de l'orange bleue pour déstabilisant qu'il pourrait être, ne sonnera pas nécessairement le glas du dialogue entre les deux communautés.
Donc, De Wever est coupable, mais son avocat vous en convaincra mieux que moi !
('faudrait que j'arrête de finir tous mes billets en citant du Desproges moi :p)
20 commentaires:
Oui, il faut éviter de dédramatiser, parce que la fin de la Belgique n'est pas le problème central et que la focalisation un peu stupide (au sens propre de "transmis", d'"interdit") d'une large partie de la population sur cette question ne fait guère avancer le débat.
Pour autant, je crains que pas mal de francophones -- oscillant entre fascination morbide et méthode Coué nostalgique -- éprouvent des difficultés à mesurer ce qui se passe.
Car, certes, le droit belge procure des garanties appréciables et il est bon de les rappeler, mais je me demande si on n'est pas tout doucement en train de verser dans une sorte d'insurrection institutionnelle; si la Flandre, à force de radicalisation, ne va pas tout simplement rendre obsolètes les sonnettes d'alarme et autres mécanismes. Sans doute que l'inscription de la Belgique dans l'Union européenne permet de relativiser ce risque.
N'empêche : les séparatistes qui dictent aujourd'hui l'agenda flamand (à défaut, encore, d'être majoritaires dans les urnes, mais ils n'en sont plus très loin) sont dans une posture dont le droit n'est sans doute pas le meilleur crible.
Nous y voici : la crise se profile enfin :) depuis le temps qu'on la prédit ou qu'on fait croire qu'elle est déjà là. Or, c'est archi faux : depuis presque 150 jours, Flamands et Francophones se parlent comme toujours pour la formation de tout gouvernement. Ce qui va être beaucoup plus chaotique (et donc tout à fait contraire à l'esprit belge d'institutionnalisation), c'est la période qui arrive, de crise précisément. On va enfin pourvoir avancer...:)
Les Flamands vont tenter un passage en force en Commission à la Chambre. Les Francophones vont quitter la table des négociations illico et on sera au point mort.
Balayé le préaccord inutile d'Orange bleue (inutile car tant qu'on n'a pas réglé l'institutionnel, le gouvernement se construit sur du sable (et en plus du sable de merde ! :) )) !
C'est ici que les choses vont basculer. Va-t-il y avoir une radicalisation flamande ? une insurrection (peu probable mais on ne sait jamais) ? un francophone tué par un extrémiste flamand (ce qui serait la meilleure chose pour le camp francophone soit dit en passant) ?
C'est précisément là que tout va se jouer et qu'on saura si le maintien la Belgique en vaut vraiment encore le coup...
Rem : je pense que la proposition de Maingain est intelligente : il faut mettre sur pied un gouvernement qui ne traite pas d'institutionnel et qu'une commission soit dédiée à la question et y travaille de façon active (pas comme quand on crée une commission pour tuer un projet politique dans l'oeuf :D)
@Xime: je pense que tu surrestimes l'impact de la fiction de la RTBF, mais c'est de toute façon difficilement quantifiable.
Par ailleurs, un gouvernement d'union nationale, avec les partis démocratiques, c'est bien beau mais
1) tout le monde n'en veut pas.
2) le NVA n'est plus un parti démocratique...
D'ailleurs je m'interroge sur le mot "démocratique"... Peut-on vraiment qualifier les partis flamands de "démocratiques" dès lors qu'ils font état de diverses demandes qui en fait sont des exigeances non discutables. Le refus de discuter, n'est-ce pas ça justement qui permet de déterminer quels sont les partis non démocratiques ?
Aouaaais Cab! Vive la crise! Un mort! Pfff!
Chaque jours qui ont amené un pays à rester 150 jours en affaires courantes est un jour de crise.
Dédramatiser, dramatiser: c'est ça le débat?
Comme c'est dit dans l'article, si les francophones quittent les négociation; c'est un désastre au niveau politique. Va-t-on voir ces prochains mois les francophones quitter ponctuellement certaines réunions et assemblées rassemblant les communautés?
Car ce sont eux qui vont devoir au point carrefour se prononcer sur l'Etat belge malade, poussés par leurs refus aux revendications flamandes: leur choix sera-t-il tout profit pour les nationalistes flamands?
Pour ce qui est des "solutions miracles" et les "garanties géniales" que l'Etat belge fournit: elles le met lui-même sur un siège éjectable.
Les solutions qu'on a trouvé pendant 20 ans sont des rustines, la Belgique est une vielle chambre à air qu'on a rafistolé cent fois.
Il faut parfois écouter ce que disent les observateurs externes à la crise (journaux étrangers), qui n'ont aucune expérience en chambre à air trouée, mais qui voient le résultat direct.
Pour finir, je ne pense pas que Maingain est l'homme à écouter pour le moment pour rendre la sérénité.
@Uttam : la crise aura ceci d'intéressant qu'elle débouchera sur quelque chose, contrairement aux interminables, inutiles et ennuyantes négociations auxquelles nous assistons depuis 150 jours.
Par ailleurs, je ne crois pas que le fait de quitter la table face à un interlocuteur arrogant et refusant de discuter soit vraiment une attitude que l'on puisse qualifier de désastreuse. Je ne vois pas l'intérêt de parler à des gens comme ça. Que la Flandre se calme et puis on discutera !
C'est une guerre d'usure qui a commencé depuis le 10 juin et j'espère que pour une fois les francophones ne la perdront pas. Sinon, autant s'expatrier !
Quant à ta critique de Maingain, elle est très pertinente...
Wikipedia: "The Serbian delegation, led by Milošević, insisted on a policy of "one person, one vote", which would empower the majority population, the Serbs. In turn, the Slovenes, supported by Croats, sought to reform Yugoslavia by devolving even more power to republics, but were voted down. As a result, the Slovenian, and eventually Croatian delegation left the Congress."
Attention: je cite ceci non pas pour dire que le conflit communaitaire belge va terminer en conflit armé!
A noter: problème de comptage des votes, de majorité ethno-linguistique, de compétences régionale ou sub-régionale
Ouais, mais une crise en Belgique n'aura jamais que des allures de crisette à l'échelle du monde. Notre bourgeoise Belgique n'aime pas le sang et la violence. Merci de ne pas me faire dire ce que je n'ai pas dit : bien entendu que je ne me réjouirais pas si les choses tournaient à la yougoslave. Cependant, tu conviendras avec moi qu'on est encore très très très loin du compte...
désolé pour les fautes d'ortographe et bêtises toutes aussi grosses (pas besoin de les souligner donc) que j'ai clairsemées dans mes deux posts précédent!
Petite question à Cab: en quoi selon toi la crise peut faire avancer les choses?
Une remarque sur Maingain: je pense aussi qu'il est loin d'être l'homme de la situation. La provocation et la démagogie sont ses principales armes et elles ne contribuent qu'à tendre encore le débat. Il est dans une logique d'affrontement perpétuel et ce n'est pas dans ce cadre-là qu'on parvient à construire qqch à l'intérieur d'une Belgique. Ce type me parait solidement anti-flamand: ce bruxellois de pure souche ne trouve rien de mieux que de répondre en français lorsque les journalistes lui posent des questions en flamand (Milquet et Di Rupo essayent toujours de répondre en flamand, même si leur niveau est d'une piètre qualité). Il fait donc pâle figure à côté de son pendant flamand, De Wever.
Je pense que le front flamand est moins solide qu'il n'y parait, comme en témoigne la fébrilité palpable de l'autre côté de la frontière linguistique un peu avant le vote en Commission. Les francophones ont l'air beaucoup plus sereins et déterminés.
Dès lors, si la crise dure et s'enlise, la Flandre va se lasser et se calmer (et ce, même brusquement, si par hasard la société civile s'excite un peu : à nouveau, la Belgique n'aime pas le sang et ça la fait toujours réagir promptement). Des division vont apparaître, notamment, je pense, entre N-VA et CD&V. D'ailleurs, c'est Wilfried Martens himself qui a dit qu'à terme, ce cartel devrait exploser parce qu'il nuit au CD&V.
Si la crise perdure d'ailleurs, il se peut que la population flamande soutienne de moins en moins le CD&V qui est le parti avant tout responsable de la crise (c'est lui qui a accru la tension communautaire avant les élections et il se retrouve maintenant obligé de tenir des promesses intenables, ce qui va entacher sa crédibilité d'autant plus que la crise sera longue).
De façon plus générale, une crise longue et profonde (attention, j'ai jamais dit que ce serait marrant hein !) devrait permettre à la population flamande de comprendre progresivement que la donne à changé : ils ne peuvent plus imposer leurs volontés aux francophones mais doivent composer avec. Pour l'instant, ils ont le sentiment que le "non" francophone est une sorte de caprice qu'on peut facilement contourner. Par contre, si la Flandre voit que la situation s'enlise, elle va prendre conscience qu'il est impossible pour elle de tout décider unilatéralement et mettre petit à petit de l'eau dans son vin...
Quant à Maingain, c'est vrai qu'il rajoute de l'huile sur le feu pas toujours au bon moment. Néanmoins, je suis content que Bart de Wever ait un équivalent francophone. Par ailleurs, je suis très souvent d'accord avec ses déclarations et je dois dire que si démagogie il y a dans son discours, elle me plait plus que celle d'autres politiques. Pour une fois qu'un francophone (autre que José Happart) défend les francophones et en particulier les bruxellois, on va pas s'en plaindre. Le problème côté francophone, c'est qu'on refuse toujours d'être offensif et c'est pour ça qu'on s'est longuement fait bouffer par les Flamands. Vous ne pouvez pas vouloir calmer les ardeurs flamandes tout en restant passif et conciliant. C'est d'ailleurs ce manque d'agressivité (à part chez Maingain) qui donnent le sentiment aux Flamands que le front francophone est aisément perçable... Ne dit-on pas que la meilleure défense, c'est l'attaque ?
Bref, je crois que la crise n'a pas encore duré assez longtemps que pour que la situation se résolve et, en ce sens, Maingain est l'homme de la situation :D (sans compter que ce n'est pas un extrémiste à mon sens : il ne fait que deféndre les droits des francophones qui sont, je le rappelle, baffoués depuis des lustres en région bruxelloise et dans sa prériphérie... Je ne vois pas en quoi ça fait de lui un anti-flamand primaire...)
Par rapport à la crise: la situation entre le CD&V et la NVA est malheureusement beaucoup plus complexe que tu le laisses entendre. Le CD&V a besoin de la NVA pour que le gouvernement en formation puisse s'asseoir sur une majorité parlementaire. De plus, le CD&V a d'autant moins intérêt à se désolidariser de la NVA que ce parti risque alors de se rapprocher d'un autre parti sépratiste qui lui est assez proche au niveau idéologique: la liste De Decker. Ce nouveau parti a connu un certain succès électoral et une alliance entre eux et les séparatistes de la NVA ne laisseraient rien augurer de bon pour la Belgique, si le climat actuel (de tension extrême entre les deux communautés) perdure. Je veux dire par là qu'avec la crise actuelle, les flamands se radicalisent (de nombreux sondages le montrent), et on a donc tout intérêt à former rapidement un gouvernement avant que la situation ne s'envenime encore. A terme, j'espère bien-sûr que le CD&V rompra avec ces séparatistes de la NVA, mais ce n'est pas envisageable pour le moment.
Certes, il ne faut pas se plier à toutes les exigences des flamands, mais la méthode de ton cher Maingain ne me semble pas être adéquate. Toutes les revendications flamandes ne sont pas infondées, et si on veut continuer à vivre ensemble ce n'est pas en se montrant arrogant et méprisant qu'on ira de l'avant. M. Maingain ne me semble pas être le seul à protéger les droits des francophones, loin de là. Reynders et Milquet ne me semblent pas se faire marcher sur les pieds depuis le début des négociations, tu en conviendras.
Maingain est détesté en Flandre comme De Wever l'est en Belgique francophone. Veut-on des hommes politiques qui représentent une communauté et méprisent l'autre ou bien qui essayent de représenter l'ensemble du pays?
Je tiens à dire que je suis assez d'accord avec ce cher Nico...que je félicite par ailleurs pour sa fraicheur intellectuelle en ce lendemain de la veille.
Je dirais aussi que j'estime qu'on ne parle pas assez du fait que le MR (peu importe ses composantes) pourrait avoir tout fait (ou presque...fallait quand même un minimum de discretion) pour faire capoter les négociations ou pour se laisser aller dans un engrenage (avec l'issue que l'on sait) pour préparer la candidature de Reynders à la formation du futur (?) gouvernement.
Il suffit de voir la ptite interview de Reynders dans Le Soir d'aujourd'hui pour presque s'en convaincre...tellement l'homme fort du MR ne cesse de dire que Leterme a épuisé la confiance des négociateurs (ce qui est globalement vrai) en sous-entend qu'il faudrait un nouveau formateur (en pensant à lui sûrement).
Mais, comme la (fausse) modestie est de bon ton dans nos contrées, Reynders a répondu négativement à la question du journaliste du Soir qui lui demandait s'il ne pensait pas à lui-même pour ce poste de formateur. Pas sûr pour autant qu'il n'en pense pas autrement dans son for intérieur !
hum... Jusqu'à maintenant, ce n'est pas Reynders qui est pointé du doigt par la Flandre mais Maingain et Milquet. Ça me paraît être une bonne démonstration de ce que Reynders n'a pas vraiment de responsabilité quant à ce. Et puis seul Reynders sait ce qu'il pense en son fort intérieur... Je pense en tout cas qu'il doit être conscient des réalités belges, à savoir de l'impossibilité pour lui de devenir formateur, vu que les Flamands s'y opposeraient. Je rappelle qu'en son temps (càd avant les élections), Di Rupo se voyait premier ministre...
Que le formateur ait perdu la confiance est un fait dans la mesure où il a cautionné ce vote en Commission. Je ne vois pas où est le mal de le dire. Je constate que quand Milquet est intransigeante, c'est une sainte et que quand c'est Maingain (et éventuellement Reynders) qui l'est, c'est un sale libéral anti-flamand... un peu réducteur !
Maingain n'est que le pendant francophone de de Wever. Je ne vois pas pourquoi on devrait le museler tant que de Wever persiste dans son attitude énervante. Maingain, c'est la réponse du berger à la bergère... Bien entendu qu'il ne faut pas céder un iota sur BHV et la nomination des bourgmestres des communes à facilité tant que les Flamands ne se calment pas. Faire autre chose, c'est laisser sous-entendre aux Flamands que rien n'a changé et qu'ils peuvent toujours tout décider tout seuls.
Et tant mieux si les francophones ont aussi leurs "extrémistes" (même si pour moi, Maingain n'en est pas un et que les vrais extrémistes francophones, ce sont les belgicains qui arborent dans les communes bourgeoises bruxelloises francophones leurs drapeaux belges sur leur façade).
Quant à la nécessité du NVA pour le CD&V, elle n'est que toute relative dans la mesure où on se sent toujours obligé de faire des coalitions fédérales symétriques en terme d'idéologie (les socialistes ensemble, les libéraux ensemble, ...). Rien n'empêche en effet le CD&V de former une coalition avec les libéraux et les socialistes et/ou les verts, sans pour autant qu'une telle alliance se présente côté francophone. Vu les différences de comportement électoral et de partis des deux côtés de la frontière linguistique, cet accord implicite entre tous les partis de garder une certaine symétrie idéologique pourrait et devrait peut-être même sauter...
N.B.: Ce n'est pas aux francophones à éviter une radicalisation de la Flandre mais à la classe politique flamande à entreprendre un travail de pédagogie électorale...
N.B.2: C'est une utopie de croire que des politiques pourraient représenter l'ensemble du royaume. Seul le premier ministre a ce rôle et on voit déjà la difficulté que ça représente de passer du stade de chef de parti à formateur et puis à premier ministre. C'est ridicule de demander à un politique d'être asexué politiquement dès lors que les partis ne sont pas les mêmes au nord et au sud du pays (c'est d'ailleurs entre autres pour cette raison que tout foire... Aucun état fédéral ne fait ça...).
N.B.3: il manque décidément un forum sur ce site !
Ce que je dis sur Maingain, ce n'est pas que ses revendications sont exagérées ou extrêmes (il revendique l'agrandissement de la Région bruxelloise au même titre que les autres présidents de partis francophones), mais c'est son attitude, que je ne suis pas le seul à juger arrogante et méprisante. Il ne fait qu'envenimer le débat et cabrer les flamands en se comportant comme il le fait, alors qu'il faudrait montrer à nos voisins du Nord que nous les respectons et refusons d'entrer dans une querelle du type "le berger à la bergère" comme tu l'as justement dit. Il est certain que les politiques flamands sont par moments trop agressifs et que certaines de leurs demandes sont excessives (parce qu'elles tendent trop vers le séparatisme ou du moins le confédéralisme, ce qui revient exactement au même). Mais adopter une attitude dure et arrogante ne va pas faire en sorte que ceux-ci se calment!
Je trouve assez primaire la réaction que tu as par rapport aux Belges (Bruxellois en majorité) qui ont décidé de mettre leur drapeau belge à la fenêtre. Cette démarche ne s'assimile pas à une réaction nationaliste effrénée mais simplement à une volonté de manifester son attachement au pays dans une période délicate. Cela comparé à l'arrogance d'un Maingain...
A côté de ces considérations, le CD&V pourrait en effet se séparer de la N-VA et prendre (concrètement c'est la seule possibilité car le SP.A veut aller dans l'opposition)Groen! dans la coalition. Mais de 1) il y a le risque que la N-VA s'allie alors avec la liste De Decker pour former un parti sépratiste puissant (un en plus...) et de 2) c'est assez peu réaliste, les divergences entre les deux partis étant ce qu'elles sont.
C'est clair que la présence de la N-VA est une mauvaise chose pour les francophones, on va pas s'en cacher. Ils sont pour le moment gagnant sur tous les fronts: ils font pression sur leurs partenaires pour obtenir une réforme de l'Etat et en même temps si les négociations échouent ça fait une crise pour la Belgique ce qui les arrangent bien.
Seulement, il va falloir composer avec ce parti pour cette fois (le CD&V ne s'en séparera pas et il est incontournable), donc autant essayer de voir (côté francophone)comment faire pour "museler" au mieux ce parti au sein du prochain gouvernement.
Je comprends ta position mais j'estime que par le passé, les francophones ont été assez compréhensifs comme ça. Cessons de montrer des signes de faiblesse. J'ose espérer que quand les Flamands se heurteront à un mur au moins aussi solide que le leur, ils se sentiront obligés de mettre de l'eau dans leur vin. Je ne crois malheureusement pas qu'il y ait d'autres solutions. La conciliation ne marche pas puisque tout le monde est trop préoccupé par son rapport à l'électorat, particulièrement au CD&V et de toute façon, on a bien vu ce que ça donnait par le passé...
Par ailleurs, j'estime tout à fait normal qu'on ne cherche pas à ménager des gens qui ne nous respectent pas en tant que francophones. C'est le contraire qui serait indigne...
(au fait, quand c'est Milquet qui cabre les Flamands, c'est pas grave, c'est ça ?)
Quant aux belgicains aux drapeaux, je ne retire pas ce que j'ai dit. C'est une position extrémiste : ces gens refusent de comprendre que le débat devrait éventuellement se placer, si nécessaire, en dehors du cadre "Belgique". C'est donc une position extrémiste puisque elle donne le sentiment d'une intransigence sur les termes du débat. Cette intransigence est tout aussi détestable que celle des Flamands, sauf qu'en plus elle est réactionnaire et que c'est celle-là qui force les politiques francophones à ne pas discuter plus avant d'une réforme de l'Etat...
(Je suis d'ailleurs prêt à parier qu'une très grande majorité de ces gens votent Maingain...)
Quant à la séparation du cartel, c'est peu probable, mais on ne sait jamais...
Quelques petites choses à redire.
Tu as l'air de dire que par le passé les francophones se sont trop souvent fait bernés au cours des négociations avec les flamands (parce que, selon toi, ils ne se sont pas montrés assez fermes). Pourrais-tu simplement me donner l'une ou l'autre illustration de tes dires dans notre récente histoire fédérale?
Il me semble que c'est le contraire: les francophones, grâce à une certaine habilité, ont réussi notamment à obtenir un statut de Région à part entière pour Bruxelles (ville à forte majorité francophone), à côté des Régions Flamande et Wallone.
Pour ce qui est des "Belgicains" et de leurs fameux drapeaux (je me permets de mettre entre guillemets car je connais qques personnes qui font cela et ils ne m'apparaissent nullement comme des Belgicains, encore moins extrémistes et intransigeants...) tu y vas un peu fort. Je ne comprends pas pourquoi il faudrait voir le débat actuel en dehors du carde Belgique. Cette déferlente de drapeaux montre qu'une part de la population non négligeable est attachée à l'unité du pays, et ça peut toujours être utile de le rappeler à nos chers politiciens. Bon maintenant, j'arrêterai de revenir là-dessus tellement pour moi c'est peu important, et je vois pas trop pourquoi tu t'acharnes sur ces gens.
A remarquer: tu taxes ces gens d'extrémistes, d'intransigeant, et en même tant tu émets l'hypothèse que la plupart votent pour Maingain, celui que tu considères comme "l'homme de la situation"... cela me parait à tout le moins paradoxal. A moins que tu ne trouves normal qu'on ait besoin d'un extrémiste côté francophone pour résoudre la crise...
Puisque j'en suis à Maingain (que, tu l'auras compris, je ne porte pas dans mon coeur :P), pour la enième fois je répète que c'est son attitude arrogante que je condamne et non ses propositions sur BHV, qui ne diffèrent pas beaucoup de celles de Milquet.
Un exemple ? ben le plus criant : les francophones, en échange de quelques avantages, ont accepté l'enclavement de Bruxelles en Flandre !
Autre précision : très très très souvent, un politicien est plus à gauche que son électorat...
Quant à l'aspect "belgicain", ça me paraît clair : il est ridicule de proclamer son attachement à une Belgique unie dans un moment comme celui-ci car :
1) tout le monde connait l'attachement unilatéral francophone à la mère patrie.
2) ce sentiment est nettement moins présent (voire absent ?) en Flandre et par conséquent les drapeaux ne font que prouver une fois de plus les divergences nord-sud.
3) à partir du moment où la réforme de l'Etat envisagée pourrait nous amener à scinder le pays, il est absurde de cadenasser d'emblée le débat en disant qu'on tient au maintien de l'Etat tel quel (ce dont on sait que les Flamands ne veulent pas).
Bref, à part à servir d'oeillères émotionelles (or, c'est de rationalité qu'on a besoin actuellement dans le débat), je ne vois pas à quoi servent ces drapeaux.
Il est normal que Bruxelles soit enclavé dans le territoire flamand; en effet, l'ensemble des communes autour de Bruxelles forment un territoire où historiquement la langue flamande était la plus parlée (au même titre que Bruxelles d'ailleurs). C'est donc une Région "historiquement flamande", et les francophones ne sont devenus majoritaires dans les communes à facilités que dans la seconde partie du XXè siècle. La frontière linguistique a été fixée dans les années 60', et 6 communes de la périphérie ont été désignées à facilités (sur base d'un recensement il est vrai datant de 1947: plus de 30% de la population appartenait à la minorité francophone). On ne sait pas dire quelle part de la population représentait les francophones, mais il est improbable qu'ils représentaient une forte majorité comme c'est le cas aujourd'hui. C'était donc logique à l'époque de garder ces communes à l'intérieur de la Flandre.
Maintenant, aujourd'hui il serait normal de les rattacher à Bruxelles, pas seulement du fait de leur caractère francophone mais surtout pour des raisons économiques. La Région Bruxelloise aurait en effet bien besoin des rentrées de ces communes aisées pour son propre développement.
Garder le débat à l'intérieur de la Belgique ne veut absolument pas dire qu'on ne veut rien changer aux institutions et aux structures actuelles! On est dans un Etat fédéral de "fédéralisation" et on doit donc s'attendre à ce que d'autres compétences soient transmises vers le niveau fédéré. Le fait d'afficher son drapeau ne signifie pas qu'on nie cet état de fait.
Je ne vois quand même pas ce que ces drapeaux apportent de constructif...
Bruxelles aurait très bien pu ne pas être enclavée. Les négociateurs francophones l'ont laché... Les frontières de Bruxelles auraient pu être toutes autres (plus larges) mais les Flamands, assoifés de territoires ont refusé d'en faire une grande région bilingue. Ils ont préféré en faire un territoire francophone à conquérir...
Là je rejoins ton point de vue: ces drapeaux n'apportent pas grand chose au débat. C'est une initiative que je qualifierais d'un peu naïve peut-être, mais certainement pas extrémiste.
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