Communiste ! - EBE (ancienne adresse)
EBE (ancienne adresse): Communiste !

dimanche 10 février 2008

Communiste !

"T'es communiste ??"

C'était il y a un mois ou deux, alors que je lisais bien tranquillement le dernier livre de François Houtard, Délégitimer le capitalisme - Reconstruire l'espérance (que je vous recommande en passant). Une amie d'une colocataire avait eu cette réaction éberluée. J'avais ri.

Mais la semaine passée lors de ma participation au Parlement Jeunesse (que je vous recommande tout autant !), la répétition de ce phénomène m'a laissé plus que dubitatif. Il faut dire que je faisais partie des farouches opposants à un projet de décret visant à équarrir* notre système d'assurance chômage...

Mais pourtant, amis lecteurs, comme vous l'aurez sûrement remarqué à la lecture de ces modestes pages, le qualificatif de "communiste" est généralement assez peu pertinent pour décrire mes opinions. En fait les raisons qui m'empêchent d'adhérer au projet communiste (mais pas à l'idéal égalitaire qui l'anime, ni à la critique marxiste du capitalisme) sont autant de caractéristiques qu'il partage avec l'idéologie dominante : productivisme ou fétichisme de la croissance, ainsi que la place prépondérante du travail, masquant les autres possibilités de l'agir humain.

Communiste ! On se croirait revenu à l'époque de la guerre froide. Sauf qu'aujourd'hui, l'appellation évoque moins le danger pour le monde libre que la condescendance amusée.

Bien sûr, je fais à moitié semblant de m'étonner. A moitié seulement, parce qu'une partie de moi espérait sans doute un peu plus de finesse d'analyse de la part de mes semblables (ou camarades, tant qu'on y est !). Hélas, dans ma naïveté j'oubliais presque que, dans les esprits, la chute du mur de Berlin n'a pas seulement jeté le discrédit sur la pensée marxiste (ce qui n'est déjà pas évident, vu la distance entre celle-ci et la réalité du régime soviétique), mais également sur toute possibilité d'une critique "externe" du capitalisme. Si vous rejetez certaines évidences communes (je n'aime pas crier à la pensée unique mais vous voyez l'idée), vous serez traité, au mieux d'idéaliste**, autrement dit de gentil con, au pire de communiste, autrement dit de gentil con arriéré.

Évidemment, la démocratie se nourrit de ce genre de dualismes simplistes, et depuis 1989 on a rien trouvé de plus vendeur que la lutte des mangeurs d'enfants contre les banquiers à haut-de-forme. Or, depuis l'obsolescence de ce schéma fort commode, la gauche anticapitaliste apparaît fort éclatée et n'est pas encore parvenue à proposer un projet politique complet et cohérent.

Désespérant ? Pas forcément. Car il y a du bon dans cette situation. En effet, nous les idéalistes, les gauchos, en un mot : anticapitalistes, sommes aujourd'hui libres des carcans dogmatiques qui ont longtemps animé la gauche. Finis les "social-traître", "bourgeois", "vendu" ! Ceux qui jettent les anathèmes, ce sont ceux d'en face ("utopistes !", "rétrogrades !", "fainéant !"). Nos idées ne sont plus soumises à l'autorité d'instances supérieures : la ligne Parti pour les uns, la loi du Marché pour les autres.

Les pistes de réflexions sont encore très diverses, peu structurées: Tant mieux! C'est d'un tel foisonnement que pourra (devra) émerger un système philosophique complet doublé d'un projet politique susceptible d'être consacré comme une alternative crédible à l'idéologie dominante. En évitant toutefois de tomber dans ce travers qui consiste à remplacer un dogme par un autre...

____________________
* : Admirez l'euphémisme...
** : Par opposition aux pragmatiques qui ont le monopole des propositions constructives et légitimes

22 commentaires:

Csame a dit…

"la démocratie se nourrit".

Oui, je sais, je suis un connard qui ne fait même pas de commentaire sur le fond.

Anonyme a dit…

1ère note : La colocataire, elle serait pas binchoise ?

2ème note : une illustration de Staline comme référence au communisme, c'est gros (même si tu te rattrapes dans la suite). Faut lire Trotsky, et les écrits du P.O.U.M.

3ème note : la suite viendra avec la 4ème note.

Cab a dit…

"Meurs pourriture communiste !"

himself a dit…
Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
Xime a dit…

Désolé mais bon... troll quoi.

Anonyme a dit…

ZIMON : Faudrait que tu précises ce que tu entends concrêtement par anti-capitaliste car (désolé de rejoindre sur ce point l'avis du troll )pour le moment c'est pas clair.

Est-ce que tu t'opposes à la propriété privée, au profit, à la fixation des prix par le marché, ... ?

Ou plus simplement, tu t'inquiètes du fonctionnement de notre système économique et du coup tu te dis anti-capitaliste ...

Xime a dit…

Euh, "anticapitaliste" vient du radical grec ANTI (contre, en opposition à) et de l'adjectif capitaliste (relatif au capitalisme), d'où "anticapitaliste" signifie "opposé au capitalisme" :D

Je ne vois pas en quoi c'est pas clair, c'était juste pas l'objet de ce billet d'exposer les mille et une raisons de s'opposer au capitalisme :p
Cela dit, j'en ai déjà précisé deux : productivisme et travaillisme effrénés. On pourrait aussi mentionner la marchandisation à outrance de tous les aspects de la vie humaine, l'économie comme fin en soi... Toutes sortes de facteurs qui sont induits par la logique du système (ex : le système a besoin de la croissance, la croissance requiert l'ouverture de nouveau marchés...)

Bref, comme je le disais plus haut, ce n'est pas exactement le sujet de ce billet.

Unknown a dit…

Il est globalement bien écrit ce billet même si j'avoue avoir du mal à m'enthousiasmer des divisions de la gauche (ou de l'absence de projet de gauche). Je suis toujours pas persuadé qu'il y a du fond dans l'idée de décroissance (voire décroissance conviviale mais alors là le mot convivial étant dans le creux absolu, c'est plus flagrant). Il doit y avoir d'autre réponse que le vide face au dogme.

Anonyme a dit…

ZIMON : Ce qui n'est pas clair ce ne sont pas les raisons pour lesquellles tu t'opposes au capitalisme mais la définition que tu donnes du capitalisme.

En effet, tout au long de ton article (ton commentaire ne fait que le confirmer) j'ai l'impression que pour toi le capitalisme et le libéralisme c'est pareil au même.

Pour moi, le capitalisme est simplement un système économique basé sur la propriété privée des moyens de production et structuré en vue de maximiser les profits.

On pourrait donc très bien avoir une société capitaliste décroissante.
On peut également avoir une société capitaliste qui a d'autres fins que l'économie (comme l'égalité des chances et l'autonomie des individus).

Donc ce n'est peut être pas directement le sujet de ton article mais cela mérite tout de même réflexion. Car si tu t'offusque que certains croient que tu es communiste, il faut que toi, quand tu te dis anti-capitaliste, ça ait du sens.

himself a dit…

"c'était juste pas l'objet de ce billet"
"ce n'est pas exactement le sujet de ce billet"

Mais c'est quoi justement l'objet et le sujet exact de ce billet ?

Xime a dit…

à Zimon : Bon, je n'ai pas envie d'avoir l'air cassant, mais si je voulais me lancer dans une querelle de définitions, moi aussi je pourrais faire une recherche google et copier-coller une définition du capitalisme... chacun pourrait ainsi chicaner sur les éléments lacunaires dans la définition de l'autre, par exemple je pourrais dire que la tienne omet notamment de parler de la rémunération du capital, excusez du peu :p

Mais donc généralement j'utilise le terme "capitalisme" pour désigner le système économique actuel, et "libéralisme" pour parler du courant philosophique (fondé principalement sur la primauté des droits individuels, etc.)

Pourquoi ai-je dit que l'important n'était pas là (et ici je réponds aussi à himself) ?
Parce que par "anticapitaliste", j'entends seulement "qui est opposé à la logique du système actuel", par opposition à la gauche dite "procapitaliste" (à savoir la gauche dite "de gouvernement") qui ambitionne seulement d'atténuer les injustices de manière marginale, par la régulation.

Cf. à ce sujet l'article de Ch. Arnsperger dans Politique, Etre de gauche, c'est être anticapitaliste"

Xime a dit…

Quant à la "société capitaliste décroissante", outre que la décroissance est plus une critique qu'un projet, je vois mal comment tu pourrais concilier une remise en cause de la croissance avec la "maximisation des profits" mentionnée dans ta définition...

Tout ça pour dire que critiquer le fétichisme de la croissance, c'est bel et bien s'opposer à la logique du capitalisme.

à Mathias : C'est sûr que je préférerais aussi avoir La réponse clé-en-main, l'Alternative toute prête, mais à défaut j'aime encore mieux que le mouvement duquel un tel projet doit émerger soit libéré de tout ses dogmes pour laisser place à un foisonnement d'idées nouvelles... Ca ressemble à un pis-aller, mais je trouve honnêtement que la situation a du bon.

Anonyme a dit…

Merci pour cet éclaircissement!

je comprends mieux ta position à la lecture de l'article d'Arnsperger même si je ne la partage pas du tout.

C'est vraiment intéressant de voir à quel point une différence de définition peut amener à des visions si différentes.

Pour la décroissance par exemple, je l'imagines possible dans un société capitaliste car pour moi le capitalisme n'est qu'un système économique. Du coup, l'Etat peut très bien imposer aux personnes privées de dépenser maximum autant d'euros par mois ou de gagner max autant par mois ou au entreprises de diminuer leur chiffre d'affaires d'autant de pourcent par an.
Les personnes privées devront dès lors maximiser leurs profits dans cette structure donnée.

Pour toi et Arnsperger, le capitalisme est le système dans son ensemble. Du coup, la décroissance ne peut se concevoir qu'en étant anti-capitaliste.

Xime a dit…

Voilà.

A noter qu'une politique de décroissance (en imaginant qu'elle soit envisageable en tant que telle, càd en dehors de réformes plus globales) ne doit pas forcément prendre une forme aussi rigide que dans ton exemple :p
La décroissance, c'est d'abord ne pas encourager la croissance...

Anonyme a dit…

Hello Xime... Ici le grand crollu-barbu qui vous épiait des tribunes, au PJ ;)

Très bien écrit, et je partage tout à fait ton point de vue, mais...
... certaines parties des commentaires m'affligent...

D'une part, parce qu'il est clair que si tu te réjouis de la situation actuelle, il est visible, pour qui aura un peu lu sérieusement que tu ne préconises pas qu'elle dure toujours... Evidemment, qu'il est nécessaire de laisser libre cours à un foisonnement d'idées, à une liberté de penser, pour élaborer un nouveau système... Enfermé dans une dogmatique, ou dans un courant de pensée rigide, l'homme ne produit rien de bon (c'est un peu sec, et ironique, mais n'est ce pas célèbre? "Le communisme a fait des millions de morts, le capitalisme tue toujours...").

Par ailleurs, Zimon et Xime, pour rebondir sur vos derniers échanges... Je dirais que tant que vous ne définissez pas clairement ce que vous entendez par "profits", c'est mort...

Voila voilou :)

Anonyme a dit…

Merci pour cet article, je fais partie des incultes te surnommant le communiste au pj ;-)
Je précise "jeunes hégéliens" te correspond mieux, tu as des valeurs et tu restes intègre vis à vis de ce que tu crois. C'est louable, je ne me moque en rien de tes croyances mais à notre époque de mondialisation, de libéralisation du marché est-il possible de faire évoluer concretement les choses vers un système égalitaire?
Quel sont-vos projets concret?
Jasmine

Anonyme a dit…

C'est le mec du post juste au dessus de celui de Jasmine, tiens (oui, encore...)

Jasmine, la question n'est pas "est il possible d'évoluer vers un système égalitaire?" mais... Comment imaginer qu'on puisse évoluer vers autre chose?

Excuse moi, mais... Evoluer vers autre chose, on l'a fait, longtemps... On est en train de voir ce que ça donne : les inégalités, ça a toujours provoqué la révolte... alors quoi? On massacre la moitié de la planète qui se révolte pour en arriver à une égalité entre "riches" qui restent?

Ou on manipule les crève-la-faim pour les maintenir en coupe règlée au calme? Pourquoi pas, hein, après tout...

On fait comment pour lutter contre certains problèmes de plus en plus prégnants comme ceux liés au terrorisme (qui n'est jamais qu'un sous-produit de la misère instrumentalisée...)?

Et au niveau environnement, par ailleurs, on gère ça comment?

On a pas le choix... que ce soit possible ou non... A long terme, c'est la seule solution...

Faudra bien un jour sortir des courtes vues.

Martin

PS : non, je ne suis d'aucun groupe, d'aucune idéologie... Je défends juste un idéal formé en autodidacte ;-) (on sait jamais, hein...)

Anonyme a dit…

Il n'y a pas qu'une seule opposition (gauche "anticapitaliste") au régime capitaliste. Si, sur la place publique, cette gauche a droit de cité, si, donc sur la place publique, le régime fait montre d'indulgence et de tolérance à son égard en lui permettant de s'exprimer, c'est parce que justement cette gauche "anticapitaliste", ne remettant pas en cause la totalité des fondamentaux du régime, joue le jeu dudit régime permettant à celui-ci de canaliser ses forces d'opposition dans un courant en réalité complaisant. D'où le concept d'idiot utile du système, ici du capitalisme. Le capitalisme peut ainsi contrôler ses "opposants" en les insérant dans un schéma où la vie politique ne résume plus qu'à un choix entre Coca-Cola et Pepsi. Tant que les insatisfaits ne comprendront pas cela, le capitalisme mondialiste aura encore la main mise pour longtemps. Une véritable force d'opposition se reconnaît donc en fait en ce qu'elle n'a pas droit de cité, en ce qu'elle est vilipendée à longueur de journée, en ce qu'elle est traquée, en ce qu'elle est interdite, en ce qu'elle est persécutée. Car le système en a peur, alors il faut la discréditer. La discréditer, non pas en la traitant d'idéaliste (ce à quoi elle a recours à l'égard des oppositions "autorisées"), mais en la présentant comme dangereuse ou autre. Pour preuve :
http://www.dailymotion.com/tommeight/video/x44tc1_pierre-hillard-europe-et-nouvel-ord_politics

http://www.dailymotion.com/video/x1g4za_affaire-besancenot-soral-riposte_news

http://www.dailymotion.com/bookmarks/tommeight/video/xpeyh_charles-maurras_news

A bon entendeur, salut !

Admin a dit…

Un vrai régime de gauche est par définition un régime capitaliste.

Xime a dit…

à Catilina : Euh... Oui enfin, quand je dis "nous, les anticapitalistes", je n'inclus pas l'extrême-droite en fait.
Je ne dirais pas que je suis désolé de te décevoir, au contraire ça me rassure :p

à "admin" (qui n'est nullement admin ici, soyons clairs :p) :
Gné ?

Anonyme a dit…

Vue la réponse de Xime, je suppose qu'aller voir les vidéos ne vaut pas trop la peine, catilina...

Qui es-tu pour dire qui est dans ou hors du système, ou pour savoir qui est vilipendé ou non?

Si on admettait que l'extrême-droite, ou l'extrême-gauche, soient des solutions valable (j'en suis loin...), cela ne déterminerait pas pour autant une impossibilité à la productions d'autres alternatives encore...

... dont on peut difficilement dire si elles sont dans ou hors du système alors qu'elles n'existent même pas encore.

Stop à l'inconséquence, par pitié... On est pas en campagne électorale sur ce blog, je pense... :)

Anonyme a dit…

If you suffer from hair loss, hair implants may be one way to help you.
[url=http://www.hair-restoration-surgery.com/]transplant hair[/url]

Abonnez-vous à notre flux RSS.