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vendredi 29 décembre 2006

Exclusivité: Flamands et Wallons mangent la même chose!

Champagne, soupe, fondue et bûche glacée seront au menu du réveillon de la Saint-Sylvestre en Flandre, tandis qu'en Wallonie le potage sera remplacé par le caviar, selon un sondage réalisé sur les sites internet Carrefour et GB auprès de 974 personnes. Il en ressort également que 47 % des répondants consacrent un budget compris entre 15 et 25 euros par personne pour le repas de Nouvel an. Plus de la moitié des Belges optent pour une coupe de champagne ou de mousseux à l'apéritif.

Yves Leterme a dû tomber de sa chaise en visionnant cette info étonnante sur le site du Soir.Flamands et Wallons auraient donc en commun le goût du champagne, de la fondue et de la bûche.De quoi démonter sa grande théorie selon laquelle il n'y aurait plus que les tristes Diables Rouges, certaines bières et le goût des frites qui rassembleraient ces gens si différents sous l'appellation de "belges".
Mais une autre information extrèmement intéressante n'aura sans doute pas manquer à sa vigilance.
On y apprend que le Wallon remplace la soupe par le caviar.
Est-ce pour imiter les éminences socialistes (La fameuse gauche caviar M.Daerden et autres) que l'on sait amatrices de la chose?
Ou pour plomber encore un peu plus les caisses de la Sécurité Sociale en refusant systématiquement cette bonne soupe qui maintient le Flamand en forme?
En toute hypothèse,voilà encore une bonne raison de se séparer...

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Cablog : LE blog politique ^^

Avez-vous déjà lu le Cablog ? Sinon, vous devriez.
Même s'il s'agit (encore !) d'un blog libéral*, et que par conséquent son auteur et moi avons un certain nombre de divergences d'opinion. Mais comme ses positions sont intelligentes et bien argumentées, ça vous fera toujours une lecture intelligentes en cette "trêve des confiseurs", où l'actualité belge n'est pas vraiment trépidante...




* Peut-être pas "véritablement libéral" selon les critères de nos amis libertariens, mais il faut dire qu'ils placent la barre fort haut...

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mardi 26 décembre 2006

Nous serons tous des congolais! Ceci n'est peut-être pas une fiction

Idée réellement innovante qui est celle du collectif "rassemblement".
Nous avions pensé la Belgique en terme d'ex-yougoslavie, ils planchent plutot sur une République Royale et Populaire du Congo... à laquelle serait annexée la Belgique entière.

Tout est prêt pour pousser à la création de cette future grande Nation: drapeau (photo!), blason et devise ; sans oublier une première manifestation "nationale" le 21 janvier au coeur du quartier Matonge (Ixelles). A propos de cette manif', votre serviteur y sera sans faute... et vous rappellera l'échéance en temps utile.

D'après les membres du collectif, l'idée est venue de ce constat - pas du tout surréaliste, lui! - que les tensions communautaires se sont intensifiées au moment de la décolonisation et que personne n'a encore trouvé une solution à ces problèmes...

Si l'on en croit leur manifeste, la solution serait à trouver au Congo. Une langue pour tous - le lingala - et tous les belges - exception faite de ceux d'origine congolaise - auront le statut d'immigrés. Voilà qui devrait changer l'ambiance...
C'est peut-être sans penser que les flamands risqueraient bien d'apprendre le Swahili - l'autre grande langue congolaise - et de délimiter un territoire où tout un chacun sera appellé à faire de même ! Méfiance, méfiance... :)

Alors, armé d'une dose de surréalisme bien belge, N'est-ce pas une fructueuse et joyeuse idée que de plancher sur un enième scénario qui, contrairement aux autres scénario de type rattachiste ou indépendantiste, a le don (et l'ambition) d'être ouvertement utopique?

Mais il ne s'agit peut être pas d'une utopie vide, comme on pourrait le penser de prime abord, mais plutot d'une utopie assumée qui veut nous prouver que les autres scénarios - plus classiques - relatifs à l'avenir de notre Nation ne sont (pour la plupart) que des idées que l'Histoire démentira d'un revers de la main.
Ah, quand le surréalisme appelle au réalisme, cela ne peut nous laisser indifférent...

Ca se passe par ici : www.rassemblement.be

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vendredi 22 décembre 2006

La Flandre en a marre des caricatures !

Depuis jeudi dernier, certaines voix se sont élevées au Nord du pays (notamment le rédac'chef du Standaard vendredi dernier) pour s'insurger contre une vision caricaturale de la Flandre qui serait véhiculée par les médias francophones. Elles ont raison.

A Eigen blog eerst!, nous sommes soucieux de lutter contre les préjugés. Voilà pourquoi nous vous proposons de visionner l'émission suivante, qui fait un véritable carton sur la chaîne flamande VTM, sans doute parce que, loin des caricatures habituelles, elle a su capturer de manière authentique le mode de vie de nos amis flamands :


Addendum :
Il s'agit bien entendu d'une fiction destinée à provoquer un électro-choc salvateur... Comment, ça ne marche plus cette excuse là ? :)

Blague à part, une de nos grandes préoccupations étant de lutter contre la logique séparatiste, j'ai en tête quelques idées qui démontreraient à ceux qui pourraient en douter que non, ce blog n'est pas un blog anti-flamand. Comme par exemple une version néerlandophone de ce blog, que je ne désespère pas de réaliser un jour même si ma première tentative ne fut pas vraiment concluante (ils sont vraiment pourris ces traducteurs automatiques ^^). Pour prendre une idée plus directement réalisable, j'aimerais également créer un annuaire sélectif des blogs politiques belges du Nord et du Sud du pays. On vous en reparle dans les semaines à venir...

Ah et pour en revenir au petit clip ci-dessus, je précise que je suis un grand fan de Kabouter Plop !

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mardi 19 décembre 2006

l'Europe des Régions et le sous-nationalisme europhile

Il n'avait que ce mot-là à la bouche mercredi dernier à "Mise au point". L'Europe, l'Europe et encore l'Europe. Mais pas n'importe laquelle. José Happart, parce que c'est de ce grand homme dont il s'agit, kiffe l'Europe des Régions.
Ca lui faisait au moins un point commun avec Geert lambert, l'imposant président de Spirit (parti "nationaliste" et progressiste flamand-ex Volksunie).

Vous me direz, mais où est le mal? N'est-ce pas correct de penser que l'avenir est plutôt de ce côté là, au détriment des Etats tels qu'on les conçoit aujourd'hui?

En effet, dans le contexte d'un monde de plus en plus mondialisé, les entités politiques devront s'unir de plus en plus pour fonctionner dans cet ordre des choses. On pourrait alors concevoir des entités politiques plus cohérentes et proches du citoyens -ces fameuses Régions- pour ensuite collaborer avec les voisins au niveau européen.

C'est justement là que le bas blesse.N'est-ce pas un pas en arrière par rapport à cette idée d'unité européenne que de vouloir régionaliser?
Autrement dit, n'est-ce pas contradictoire d'être régionaliste et pro-européen en même temps ?
A titre personnel, aux moyens des quelques réflexions dont je vais vous faire part, j'estime qu'il y a bel et bien une incohérence.

Premièrement, de la façon dont elle est décrite par Geert Lambert - pour le bien de tous, oublions José - cette Europe des Régions aurait plus de compétences qu'elles n'en a actuellement. Bref, a priori, il s'agira d'une sorte d'État fédéral européen composé de Régions.
Ma principale objection se situe justement à ce niveau.
Si cette idée d'Europe des Régions est tellement inscrite dans le futur, les structures fédérales (belges) s'effaceront quasi automatiquement, au contact d'une Europe plus forte; ces structures étant devenus des relais inutiles entre les collectivités plus proches du citoyen et le niveau européen. Pourquoi donc vouloir régionaliser, surtout qu'il n'est pas interdit de penser que rendre les Régions du pays indépendantes rendraient peut-être plus difficile encore l'avènement de cette Europe des Régions; l'avènement d'un telle Europe des Régions n'étant ni pour demain ni pour dans cinq ans.

Deuxièmement, celui s'appliquant plus à Geert Lambert qu'au beau José, certains parmi ceux qui appellent à cette Europe ont déjà du mal à ce qu'un compatriote de l'autre communauté s'installent sur "leur" territoire sans s'exprimer couramment dans la langue dite locale et puisse voter pour un candidat de sa "communauté" d'origine. Dans le cas d'espèce, on pourrait être partisan de ce grand principe (archaïque, selon moi) de la territorialité et européen convaincu en même temps.
La libre circulation des personnes et, plus généralement, la diversité ne sont-elles pas les valeurs fondamentales de l'Europe?
Quand l'on n'est pas capable de faire preuve du minimum de tolérance à l'égard de ses propres compatriotes, il est grotesque de faire croire à un modèle politique justement basé sur de telles valeurs.
En clair, certains de ceux -voir tous ceux- qui se réclament aujourd'hui en Belgique de cette idée d'Europe des Régions sont des gens qui n'ont déjà pas réussi à faire l'expérience d'un État à plusieurs composantes (où la mobilité entre ses habitants n'est pas très importante); et il faudrait croire que cette Europe se construira avec eux...
L'idée européenne contenue dans le discours de ces régionalistes n'est-elle pas l'élément indispensable pour rendre crédible une telle conception des chôses?

Enfin, pour prendre une posture réaliste peu coutumière de ma personne, je dirais aussi qu'il est quand même fou de croire que l'on pourra s'entendre - sur davantage de matières, en plus, dans le cas d'une Europe renforcée- à 126 Régions (chiffre parfaitement hasardeux, bien entendu) alors que l'on a déjà du mal à le faire à 25 ou à 27...

Sur le même sujet, voyez aussi l'excellent dossier de cafebabel : Qui a peur de la décentralisation ? (remarquez comme la Belgique, loin d'être citée en exemple, y est qualifiée de "laboratoire raté d'une Europe multilingue" ^^)

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samedi 16 décembre 2006

L'intégrale de la soirée de mercredi soir en video sur le site de la VRT

Finalement, ça méritait bien un post. La VRT propose l'intégrale du "nepjournaal" de la RTBF sur son site web, en VO sans sous-titres. Un bel exemple d'ouverture pour leurs consoeurs francophones... (Voyez aussi l'article du Soir d'aujourd'hui : "Des débats télévisés communs entre RTBF et VRT")

Mais je ne vais pas vous faire languir plus longtemps, voici le lien que tout le monde attend depuis quelques jours : L'intégrale de l'émission sur le site de la VRT.

Addendum :
Ceux qui soutiennent la démarche de la RTBF peuvent signer cette pétition-ci.
Ceux qui n'ont pas apprécié la petite farce de la chaîne publique peuvent signer cette pétition-là.
Ceux qui n'ont pas d'opinion peuvent toujours s'amuser à comparer le nombre de signatures (32493 contre 77 au moment où j'écris ce post ^^)

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jeudi 14 décembre 2006

La RTBF annonce la mort de la Belgique... Pour mieux la faire renaître ?

C'est souvent en librairie qu'on peut avoir un premier aperçu de l'impact d'un évènement sur la population : fin de matinée, il était devenu quasi impossible de dégoter un titre de la presse belge. Florilège de réactions des libraires :
Le vénal : "Ah non, y sont tous partis ! S'ils pouvaient faire des blagues pareilles tous les jours hein ça m'arrangerait bien !"
Le farceur : "- La presse flamande ? Ah non monsieur, c'est la fin de la Belgique savez-vous !"
Le bonhomme nous apprendra également que les quotidiens flamands furent les premiers pris d'assaut. Voilà au moins un effet positif du grand canular ertébéen d'hier soir, car ce n'est pas tout les jours que la presse flamande intéresse à ce point les lecteurs francophones...

(suite plus bas)

Du reste, quoi qu'on pense de cette initiative, on ne peut que saluer l'audace des journalistes de la RTBF, qui ont osé mettre leur crédibilité en jeu dans cette opération préparée de longue date. Dans le contexte actuel de résignation généralisée du coté francophone face à l'avenir de l'Etat belge, il était peut-être salvateur que certains osent mettre les pieds dans le plat. N'est-ce pas le rôle d'une télévision de service public que de proposer une info dérangeante qui s'adresse à l'esprit critique du citoyen ?

Parlons-en, d'ailleurs, de l'esprit critique. D'après un sondage par sms (dont la question était sans doute trop peu précise pour en tirer de vraies conclusions) réalisé pendant la soirée d'hier, 89% des téléspectateurs sondés ont cru ("au début") que la Belgique avait rendu l'âme. 6% de sceptiques n'y ont pas cru du tout. Et 5% l'ont cru jusqu'au bout. Sans compter ceux qui y croyaient encore ce matin (et il y en a !) ...

Il y a de quoi être effaré, comme le remarque The Mole, par la crédulité des téléspectateurs. Mais justement, ne pourrait-on pas considérer cette émission très spéciale comme une invitation à l'esprit critique, une valeur en perdition à l'heure du prêt-à-penser ? Le JT de la RTBF aura peut-être perdu de sa crédibilité dans l'aventure, mais on il y a de quoi se réjouir à l'idée qu'à l'avenir le public du journal télévisé ne prendra peut-être plus pour argent comptant l'information qui lui est livrée (comme le dit également François Schreuer, avec beaucoup plus de style).

Au niveau du fond par contre, on peut regretter le choix du scénario sécessionniste : à quoi bon alarmer tout le monde avec un scénario catastrophe alors que le risque le plus probable n'est pas que la Belgique disparaisse mais qu'elle s'affaiblisse considérablement au profit d'Etats confédérés, pour n'être plus au final qu'un Etat "carte de visite". Cette hypothèse irréaliste caricature -de manière souvent amusante, certes- les revendications flamandes, au point que la plupart des intervenants néerlandophones du débat qui suivit l'émission ne se sentaient pas spécialement visés par l'émission. De plus, face au spectre de l'éclatement possible du pays, l'opinion publique francophone ne sera-t-elle pas plus encline à accepter davantage de compromissions lors de la prochaine négociation communautaire ?

En tout cas, il semblerait que les créateurs ait été quelque peu dépassés par le cours de choses. Face au nombre de réactions téléphoniques qu'elle reçoit, la chaîne finit par céder et annonce, au bout de 40 minutes, qu'il s'agit d'une fiction. On imagine également qu'ils n'avaient pas prévu l'ampleur du mécontentement de la classe politique, au Nord comme au Sud. Pour ces derniers d'ailleurs, on peut se demander si leurs réactions indignées n'étaient pas motivées en premier lieu par la volonté de se dédouaner d'emblée de toute implication dans une telle provocation communautaire...

Finalement, au regard des objectifs poursuivis par les créateurs de l'émission, peut-on parler d'une réussite ? Ils voulaient lancer un grand débat citoyen sur l'avenir de la Belgique, sujet qui est trop souvent l'apanage des seuls politiques. Pour l'instant, le débat a presque exclusivement porté sur la forme; exception faite de l'excellent Mise au Point d'hier soir. Ceci dit, le jour d'après, on pouvait s'attendre à ce que l'heure soit aux réactions offusquées, parfois fort compréhensible. En réalité, nous pensons que c'est dans quelques jours qu'on pourra juger de l'opportunité de ce happening médiatique à la qualité du débat qu'il aura réussi à engendrer*.

Le moins que l'on puisse dire, c'est que la vague d'émotion engendrée par l'annonce de cette fausse nouvelle funeste prouve que la Belgique est encore considérée, du moins en francophonie, comme une valeur en soi...et nous aura peut être fait découvrir que si l'on se sent belge, ce n'est pas forcément par défaut.


*A ce sujet, voir l'invitation au débat de fond lancée sur le blog de l'émission (dont un des premiers messages avait quand même provoqué 1061 commentaires :p)


Pour ceux qui l'auraient manqué, voici un extrait de l'émission en question :


Et l'intégralité est disponible sur le site... de la VRT ^^ (cf. ce lien)

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mercredi 13 décembre 2006

Accusations envers le Prince Laurent : La presse flamande fait-elle dans le tabloïd ?

Mise à jour (13/12 à 20h) :
Suite à la sortie de presse on ne peut plus claire du procureur Rubens, le soufflé retombera-t-il aussi vite qu'il n'a gonflé ?

Mise à jour (13/12 à 10h) : Le Soir paraît très sceptique quant aux déclarations dudit M. Vaes, et certaines de ses affirmations factuelles ne résisteraient pas à l'épreuve de la réalité. Voir aussi, en fin d'article, un petit comparatif de la couverture faite par la presse de cette affaire.

Décidemment, ces derniers temps, les scoops viennent de Flandre. Il semblerait qu'une déclaration publiée dans Het Laatste Nieuws soit sur le point de faire l'effet d'une petite bombe médiatique. Noël Vassen, ancien conseiller du Prince Laurent, affirme que le Prince aurait participé activement aux fraudes dans l'affaire de la Villa Clémentine. Les médias avaient déjà mentionné cette affaire au début du mois, mais à ce moment il n'était pas question d'implication du prince lui-même...

Alors, tout d'abord un petit mot d'explication. Pourquoi ce post qui, finalement, semble céder au sensationalisme ? Bien sûr, si ce procès a bien lieu, le Prince Laurent a autant droit qu'un autre à sa présomption d'innocence. Bien sûr, les médias se feront une joie de lui faire son procès avant même qu'aie lieu la première audience. Car il est trop tard, la machine médiatique est lancée (en Flandre du moins). Je ne pense pas qu'un post sur ce blog attisera davantage le phénomène... Par contre, ça me donne une très bonne occasion de comparer la réaction de la presse du Nord et du Sud du pays...

Cela dit, ce serait une première. Si cela fait longtemps que des hommes politiques sont impliqués dans divers affaires, jamais dans l'histoire de notre petit pays n'y a-t-il eu encore de scandale financier touchant la famille royale. L'aspect symbolique lié à la fonction royale semble imposer à tout membre de la famille royale de se comporter en citoyen modèle. Un prince mouillé dans une affaire, c'est un peu comme un mythe qui s'effondre.

Voilà en tout cas qui risque de donner de l'eau au Moulin de ceux qui veulent la fin de la monarchie. Pas étonnant d'ailleurs que le journal par qui le scandale éclate soit un quotidien flamand. J'en connais qui vont s'en donner à coeur joie...

Comme prévu, Het Laatste Nieuws fait ses choux gras de cette affaire ("Laurent geobsedeerd door geld"), et continuera sur sa lancée pendant encore deux jours au moins (puisque le journal promet 3 jours de révélations sur le Prince, et qui semble à présent s'intéresser aux amourettes de Laurent). De Standaard consacre tout un dossier à ces révélations. De Morgen en fait un de ses titres ("Voor Prins Laurent geldt geen immuniteit"), mais traite l'info de mannière assez sommaire. Seul le Tijd n'accorde pratiquement aucune place à ces révélation.

Du côté francophone, un tout autre son de cloche. Comme on l'a déjà vu, Le Soir, qui titre en couverture "Y a-t-il vraiment une affaire Laurent" est très sceptique. La Libre critique l'article "du niveau d'un tabloïd" paru dans HLN, et ne semble pas trouver les accusations du colonel Vaessen très solide. Oh bien sûr, on peut toujours compter sur la DH pour accorder une place de choix à ce genre d'info, avec ce titre en couverture rouge pêtante "Laurent : Nouvelle révélations explosives.". Et puis ce magnifique titre d'article "Quand Laurent rime avec argent"...

Alors, la presse flamande fait-elle dans le tabloïd ? On peut au moins constater l'exploitation médiatique de cette affaire... Car quoi qu'il en soit au niveau du fond, le plus intéressant pour l'instant c'est d'analyser le traitement très différent qula presse flamande et francophone font d'un même sujet. Comme le jour où Dedecker avait rejoint le N-VA; sauf que là il s'agirait plutôt d'un retard de la presse francophone qui n'avait pas eu le temps où les sources nécessaires pour traiter l'info en profondeur. Aujourd'hui, la différence affichée par la presse francophone semble délibérée. Après Phillipe, la presse flamande veut-elle la peau du Prince Laurent ? Suite au prochain numéro.

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dimanche 10 décembre 2006

C'est ça un grand blog qui évolue, c'est un grand blog... différent !

Francky ki m'a dit : "Maxime, tu dois comprendre que le blog évolue". J'ai compris cela.
Et j'ai essayé de faire, comme toujours depuis 20 ans (?), ces grandes mises à jours extraordinaires de l'interface du blog...

Hum bon, trêves d'enfantillages, laissons Daerden en dehors de tout ça. Outre la nouvelle image d'entête du blog (c'est joli hein ? ^^), j'ai ajouté une fonctionnalité bien pratique ma foi vu la longueur croissante des contributions à ce blog : par défaut, sur la page d'accueil, vous ne verrez plus que les premiers paragraphes d'un post. En cliquant sur "Lire la suite", vous pourrez dérouler le reste du contenu du post en question.

Comme ça ! Pas mal, s'pas ?

J'ai aussi intégré un système de rétroliens (enfin une francisation potable, le terme anglais étant "trackback"), mais bref c'est un truc de blogueur, et en plus j'ai l'impression d'être le seul à m'en servir :)

N'hésitez pas à nous faire savoir si l'un ou l'autre bug se présente suite à ces modifications (c'est un peu pour ça que j'écris ce post en fait ^^)
Et bien sûr, si vous avez des suggestions... !

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Ange ou Démon ?

Ni l'un ni l'autre, probablement. Mais une chose est sûre, Philippe Courard ne laisse plus personne indifférent.

Après une semaine marquée par les accusations et autres noms d’oiseaux échangés entre lui et d’éminents membres d’autres formations politiques, les médias et le petit monde politique francophone sont largement revenus sur le sujet.

Fort de ces analyses parfois très éclairantes, c’est désormais à nous de nous pencher sur le « phénomène » et de nous demander, le plus objectivement possible, ce que vaut cet homme hautement contesté.

Quand l’on veut évoquer Philippe Courard, on ne peut passer sous silence qu’il fut le plus jeune bourgmestre de Belgique en 1994 -28 ans- et qu’il fut choisi par Di Rupo en 2003 pour remplacer Marie Arena au ministère wallon de l’Emploi et de la Formation. Entre les deux, comme le disait si bien le Soir dans le portrait qu’ils lui ont consacré (Le Soir, mardi 5 décembre 2006, page 20.) , aucun fait d’armes dépassant les frontières d’Hotton et une existence –politique- tranquille à la barre de l’une des plus belles communes wallonne.

En un an au gouvernement wallon (2003-04), « Phil le bosseur » va considérablement accroître sa popularité, à la faveur d’une communication très soignée et d’un style hors du commun dans le paysage socialiste wallon –ni hennuyer, ni liégeois ; ni parvenu, ni « Philippe couche toi là »-. Le résultat est presque imminent, aux élections régionales de 2004, c’est banco : 15.600 voix de préférence et le PS devance –fait historique- le CDH en province de Luxembourg. Aux félicitations de circonstance succède une nomination à la tête du ministère wallon des affaires intérieures et des Pouvoirs Locaux, un des postes les plus stratégiques étonnamment occupé sous la législature précédente par le libéral Charles Michel.

Courard pense qu’il pourra tranquillement continuer sur sa lancée en diffusant l’image d’un ministre travailleur, sympathique et compétent. C’était bien sûr sans compter les célèbres affaires (carolorégiennes, namuroises…) qui vont éclater à répétition dès septembre 2005.


Le gaillard comprend qu’il devra jouer, comme dirait Le Soir, à « Monsieur Propre» en alignant les réformes mais sans pour autant se montrer –on ne change pas une formule qui gagne- d’une fermeté exemplaire qui l’aurait obligé à sortir souvent sa g...
Le travail et le consensus restent ses maîtres mots. Peut-on néanmoins parler de travail bien fait ? S’il l’on s’en réfère aux propos d’un receveur communal relayés par Le Soir, c’est loin d’être le cas puisque de nombreuses dispositions effectivement prises non pas été suivies de leurs arrêtés d’exécution. Etait-ce uniquement des effets d’annonce ? Poser la question, c’est presque y répondre.

Par contre, on peut identifier la réforme du Code de la démocratie locale comme sa grande réalisation en tant que Ministre de l’Intérieur et des Pouvoirs Locaux. Pour rappel, cette réforme consacrait principalement l’élection directe du bourgmestre dans les communes wallonnes. Pour émettre un jugement à ce propos, nous dirons que cette évolution était effectivement souhaitable du point de vue démocratique (en ce qu’elle permet d’éviter les nombreux arrangements pré et post électoraux sur le nom du bourgmestre) mais pas nécessairement la plus urgente à mettre en œuvre dans le contexte d’affaires de mauvaise gouvernance et autres « pratiques d’extrême droite » -comme qui dirait- auxquelles nous avons eu et nous avons toujours affaire en Région Wallonne.

Assez récemment, probablement sous peine d’apparaître au grand jour comme un homme faible, notre vaillant ministre s’improvise Grande Gueule du Gouvernement wallon.

Première victime, l’ex-échevin carolo Lucien Cariat pour lequel il réserve ces mots doux: " le système Cariat est fait d’une volonté de s’enrichir, d’incompétence grave, de désir de pouvoir absolu ».
Deuxième victime : Van Cau himself, qu’il appelle à faire « un pas de côté » en démissionnant de l’Union Socialiste Communale de Charleroi, et pour lequel il indique qu’il s’opposera personnellement à ce que l’homme fort du PS carolo joue les « belles-mères » du prochain Collège échevinal.
Troisièmement : les ex-conseillers communaux de l’opposition (essentiellement) à Charleroi (MR, ECOLO et, dans une nettement moindre mesure -majorité à la Région oblige- CDH). Il indique à plusieurs reprises que ceux-ci sont aussi responsables des dérives constatées en ce qu’ils nous pas prévenu le ministre de tutelle s’ils constataient quelque chose.

Alors que ces deux premières victimes avaient été des mandataires de son propre parti et qu’il semblait donc qu’il considérait à cet égard assez objectivement le parti socialiste comme principal responsable des graves dérives constatées à Charleroi, pourquoi s’est il attaqué tout d’un coup à l’opposition carolorégienne ?

Très probablement pour répondre aux accusations qui se faisaient régulières sur ses manquements en terme de pouvoir de tutelle sur les communes. Sont à considérer à ce propos les accusations du bourgmestre MR de Libramont Pierre Arnould selon lequel « Courard est aussi coupable » de l’annulation de quatre marchés publics pour confusion d’intérêts dans sa commune, et celles d’Olivier Chastel (MR) qui n’hésitera pas à dire que « Courard a été inefficace et incompétent » (Le Soir, 30 novembre 2006).

L’on sait tous depuis lors quelles ont été les conséquences de ces propos pour le moins maladroits de Courard ; empoignades verbales à la télévision et interventions des présidents de partis. Voilà qui cadrait parfaitement dans la « gueguerre » que se livrent actuellement PS et MR.

L'on retiendra néanmoins ce propos tout aussi extrême d’un autre homme pas coutumier (quoique…) de ce genre de parler. Dimanche sur la Radio télévision luxembourgeoise, Didier Reynders parlait de « pratiques d’extrème droite » et d’une « mauvaise foi crasse » dans le chef de Philippe Courard.

On peut admettre le second propos – la mauvaise foi de Courard – au vu de la manière dont il a exprimé son opinion sur l’opposition à Charleroi ; par contre, après une semaine de réflexion, nous ne voyons toujours pas où est l’aspect d’ « extrême - droite » dans les propos attaqués.
Il s’agissait tout de même de quelqu’un qui en appelait au fond à l’importance du rôle de l’opposition dans ce genre de contexte alors même que l’extrème-droite ne reconnaît en rien un tel rôle à l’opposition puisque celle-ci n’a tout simplement pas droit au chapitre.

On pourrait distinguer ceux qui ont « vomi » les considérations du ministre sur l’opposition carolorégienne de ceux qui estiment qu’il n’a peut être pas tort.

Parmi ceux qui ne veulent plus entendre parler de Philippe Courard, il y a bien sûr les ténors de ladite opposition carolo, j’ai nommé Olivier Chastel et Jean-Marc Nollet. L’un et l’autre ont tenu à souligner qu’ils avaient travaillés d’arrache-pied dans l’opposition mais souvent en vain, la faute aux réponses toujours plus courtes du Collège des Bourgmestres et Echevins à leurs questions. Chastel se félicite néanmoins –quelle surprise !- d’avoir été à la base des révélations relatives à la société de logement « la Carolorégienne » tandis que Nollet indique –preuve à l’appui- que son collègue écolo Marcel Cheron a interpellé le Ministre au Parlement à propos du problème des fonds de pension à Charleroi et que celui-ci lui a répondu dans la plus pure tradition du Collège carolo, c’est-à-dire en quelques lignes pour ne rien dire.

Mais il y a aussi le cas de Christine Dartevelle, une conseillère communale PS sortante de Charleroi. Dans le Soir du 6 décembre (Le Soir, 6 décembre 2006, page 19), celle-ci livre un témoignage extrêmement intéressant à ce propos puisqu’elle a connu à la fois l’opposition -15 ans- et la majorité pendant 6 ans en tant que candidate d’ouverture.

Fort de cette expérience, Madame Dartevelle veut montrer au Ministre qu’il a eu tort de s’exprimer ainsi sur l’opposition carolorégienne. Celle-ci, d’après elle, n’est pas resté inactive mais a été victime d’un système bien huilé de muselage de la part de l’appareil socialiste en place. En plus de menaces et pressions qui planaient sur les élus qui osaient mettre leur nez là où cela sent mauvais, elle dit même qu’il s’agissait de montrer son bulletin de vote à son voisin lors d’un vote secret en séance publique. Comme beaucoup, elle estime que c’est avant tout une certaine façon de faire de la politique qui est à condamner dans le cas de Charleroi.

Ceci dit, dès dimanche soir, Philippe Courard mettait de l’eau dans son vin et répétait à qui veut l’entendre que, s’il identifiait en effet une responsabilité de la part de l’opposition en ce qu’elle n’aurait pas assumé sa mission de contrôle, cette responsabilité n’était que minime par rapport à celle du Collège et donc du PS. Voilà qui est bien plus audible…et qui n’est peut être pas si faux malgré ce que certains ont bien voulu en dire.

Pour penser cela, il faut se référer aux (bonnes ?) paroles du journaliste d’investigation DidierAlbin ( D. ALBIN, « Le séisme », éd. Luc Pire, 2006).

Dans son ouvrage largement relayé dans le dernier Journal du Mardi (JdM du 5 au 11 décembre 2006, page 11), celui-ci revient à plusieurs reprises sur l’importance de la Loge de la Charité à Charleroi. Selon ses dires, il n’y a personne pour parler de cette Loge alors qu’elle pourrait bien être, entre autres, l’explication de « certaines complaisances, certaines passivités – y compris d’une partie de l’opposition- à l’égard de la galaxie Van Cau ». Pour étayer son propos, Albin nous confirme que Chastel et Van Cau font bien tout deux parties de cette confrérie de francs-maçons dans laquelle, de l’aveux de certains membres, l’on se rend bien des services. Alors, ne peut on pas penser que certains services n’ont pas été rendus par le membre Chastel à son frère Van Cauwenberghe et réciproquement ? Certes, les deux francs-maçons ont été un bon moment « en froid » (probablement la preuve que Chastel a vraiment dû jouer un rôle d’opposition) mais, de l’aveu même de Van Cau, leurs rapports sont redevenus excellents.

Vous avez dit malsain ?

La meilleure preuve que le sujet dérange quelque peu la grande majorité des élus carolorégiens est la scène surréaliste de ce long moment de silence après une intervention du même Didier Albin sur le plateau de « Mise au point » relative, justement, à cette Loge. Alors qu’ils s’étaient poussés au postillon (!) auparavant pour placer leur petite pique dans un débat des plus nerveux, aucun de ces éminences politicienne ne s’était proposé pour répondre à la question d’Olivier Maroy relative à cette Loge. Le seul vraiment non concerné, à savoir Jean Jacques Viseur –La loge étant réservées aux libres penseurs-, s’en est finalement chargé.

Bref, à propos de cette critique de Courard, nous nous joignons à ceux qui pensent qu'en effet cette déclaration sentait la mauvaise foi à plein nez, même si le travail d’investigation de Didier Albin est là pour nous prouver qu’il n’est pas exclu de penser que certaines complaisances et passivités peuvent s’expliquer par des relations inavouables entre certains membres de l’opposition et de l’ex Collège carolo.

La faute en revient à Philippe Courard de ne pas avoir justifié, sur le plateau de Mise au point, sa critique au moyen de cet argument de la Loge. On aurait eu alors envie de valider ses critiques…mais une fois de plus, Courard a baissé la tête pour ne pas égratigner l’establishment franc-maçon que l’on sait important au sein de sa formation politique.

Donc, au vu de cette analyse, Monsieur Courard apparaît comme un ministre volontaire, ou du moins que les circonstances ont rendu comme tel, mais beaucoup trop consensuel que pour aller au bout des choses. Lorsque Courard sort du consensus, c’est souvent pour s’attaquer à des « bêtes blessées » comme Van Cau ou Cariat ; histoire de rappeler qu’il peut aussi durcir le ton.

En même temps, on ne peut pas dire que sa seule déclaration réellement osée, à savoir celle sur l’opposition carolo, lui aura donné l’envie de continuer sur cette voie, vu le retour de flamme.
Gageons que le gaillard reviendra vite à un discours bien plus consensuel et à une gestion technique de ses dossiers…comme au bon vieux temps !

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samedi 9 décembre 2006

Pourquoi faut-il s'opposer au Wooncode ?

La Libre d'aujourd'hui nous apprend que les juristes de la Commission européenne s'apprêtent à rendre un avis défavorable sur le Code flamand du logement, car celui-ci constituerait une discrimination indirecte en raison de la nationalité. Cet avis avait été sollicité par la région wallone, qui avait déjà tenté de multiplies recours juridictionnels pour s'opposer à l'entrée en vigueur de ce décret : recours devant le Conseil d'Etat pour conflit de compétence, procédure en conflit d'intérêts devant le Comité de concertation...

Mais au fond, pourquoi toute cette agitation ? Le décret flamand n'impose pas aux demandeurs d'un logement social une obligation de connaissance du néerlandais, mais plutôt un engagement à suivre un cours de langue. Existe-t-il des raisons valables de s'opposer à ce texte qui, dans ses termes, paraît tout à fait raisonnable ?

Définitivement. Elles sont de trois ordres :

D'abord, une raison d'ordre social. Car cette exigence d'être disposé à apprendre le néerlandais, à moins d'être dépourvue de toute force contraignante, doit s'appuyer sur des sanctions réelles en cas de non-respect. En l'occurrence, un refus d'octroi d'un logement social par exemple. Donc même avant de connaître l'
étendue de ce volet "sanctions" (puisque les arrêtés d'exécution n'ont pas encore été pris), on peut dors et déjà s'opposer à ce durcissement des conditions d'octroi d'un logement social. Qui plus est, ce durcissement ne touche que les non-néerlandophones, et par conséquent une bonne partie des immigrés (qui sont de plus en plus désignés ces temps-ci par l'affectueux qualificatif d' "allochtones").

Ensuite, des raisons d'ordre politique. Il s'agit d'une atteinte de plus au principe des "facilités": les francophones de la périphérie bruxelloise évidemment visés. D'autre part, les régions wallonne et bruxelloise, qui n'imposent aucune exigence linguistique de ce genre, ont de bonnes raisons de craindre un afflux de demandeurs de logement sociaux venant de Flandre.

Enfin, et surtout, il y a des raisons d'ordre éthique. En conditionnant, même un peu, le droit au logement, on refuse de considérer que le respect de la dignité humaine impose de permettre à chacun d'avoir un logement (c'est le caractère inaliénable du droit au logement). C'est une logique similaire de conditionnement du minimum vital qui a animé la réforme du minimex en 2002 (qui substitue au droit à un minimum d'existence un "droit à l'intégration sociale"). Nous pensons qu'il faut s'opposer à l'extension de cette logique du donnant-donnant (je te donne un logement si tu apprends le néerlandais) qui nie le caractère inconditionnel du lien social et l'égale dignité qui revient à chaque homme, en tant qu'homme.

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dimanche 3 décembre 2006

La non-conférence de M. Barroso. Le libéralisme débridé comme rêve européen ?

Le 8 novembre dernier, le président de la Commission européenne a fait l'éreintant trajet Bruxelles-Louvain-la-Neuve pour venir y donner une non-conférence sur le thème : « L’état de l’Union et agenda pour l’avenir de l’Europe ». Pourquoi « non-conférence » ? Parce que ce soir là, on avait l’impression que le thème ne déterminait pas ce dont on allait parler mais plutôt ce dont il ne fallait surtout pas parler. Un peu comme une variante de « ni oui ni non » : « Ni prises de positions, ni paroles concrètes ». Celui qui fut nommé président de la Commission par défaut nous a donc tenu un discours flou mâtiné d’accents libre-échangistes, avec des déclarations du genre « Combien d’universités européennes cherchent sur le marché global les meilleurs étudiants ? ». Ou encore, alors qu’il venait de citer « l’ouverture à l’autre » parmi les valeurs de l’UE : « Mais l’ouverture, ce n’est pas le protectionnisme !! » ; Pendant un court moment nous avions cru que l’ouverture c’était autre chose que le libre marché. Plus affligeant encore : S’il n’avait pas été interpellé sur ce sujet lors des questions du public, le président de la Commission aurait même réussi à ne pas mentionner un des sujets les plus brûlants actuellement pour l’Europe, à savoir la crise institutionnelle suite au rejet de la Constitution.
Fort heureusement, puisque le sujet était sur la table, nous avons pu connaître la recette de M. Barroso pour sortir de l’actuelle crise institutionnelle. Les ingrédients : Il vous faudra une déclaration, une feuille de route, et une dynamique. Préparation : Changez le titre de votre Constitution. Modifiez quelques articles, en édulcorant si nécessaire. Laissez mijoter… c’est prêt ! Servir tiède, de préférence par voie parlementaire. Un régal !

Voilà déjà la recette qui avait été appliquée lors du rejet irlandais du traité de Nice. Avec une petite variante cette fois, puisque ici on fera bien attention à éviter de recourir à nouveau à la voie référendaire. Vous avez dit « déficit démocratique » ? On peut évidemment critiquer la qualité des débats nationaux qui ont précédé les referenda français et néerlandais. N’empêche : Quelle réponse l’Union donne-t-elle à ceux qui la critiquent ? Elle les ignore.

« L’agenda pour l’avenir de l’Europe » ? Barroso a seulement parlé des « objectifs de Lisbonne » (plus que 3 ans pour faire de l’Europe « l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde » !). Visiblement, l’Europe sociale n’est pas à l’agenda. C’était pourtant une critique plus que récurrente à propos du traité constitutionnel : l’Europe s’est construite uniquement autour du marché, sans avancée correspondante au niveau social. Résultat ? Le marché commun, surtout depuis l’adhésion des 10 nouveaux états-membres, est la porte ouverte au dumping social. On a pu constater récemment, avec le dégraissage de VW Forest, les conséquences dramatiques de cette concurrence entre travailleurs européens (a l’heure ou j’écris cet article, on parle de plus en plus d’un maintien d’environ 3000 emplois sur le site de Forest, mais « à des conditions compétitives vis-à-vis des usines allemandes ») .

Un grand marché sans minima sociaux, c’est à terme la disparition du modèle de protection sociale élevé dont nous bénéficions encore dans certains états d’Europe de l’Ouest. Mais cela ne semble pas émouvoir ceux qui font partie des institutions européennes, où tout le monde semble partager les mêmes objectifs et priorités. Parmi ceux qui jouent un rôle dans la construction européenne, il n’existe pas de voix dissidente, à ma connaissance, pour dénoncer la tendance libérale de cette sorte d’« establishment européen » où l’on ne plaide que pour « l’ouverture » (au sens Barrosien du terme) des marchés, sans contrepoids en termes de protection sociale. Même Romano Prodi, lorsqu’il était président de la Commission, n’eût aucun mal à rentrer dans le moule (c’est d’ailleurs sa Commission qui avait élaboré la première mouture de la directive Bolkestein). Bien sûr, on peut arguer que si les institutions européennes ne se préoccupent pas du social, c’est parce qu’elles ne sont pratiquement pas compétentes dans ce domaine. Ce qui est presque rassurant d’ailleurs, lorsqu’on voit certaines prises de positions de la Commission : par exemple lorsque celle-ci avait critiqué la loi belge limitant le nombre de PetScan dans nos hôpitaux, en soutenant qu’une solution qui laisserait les hôpitaux libres de se doter de tels appareils mais sans garantie de remboursement pour le patient serait plus conforme à la liberté de commerce et d’industrie… Lorsqu’elle se sert de ses compétences en matière économiques comme cheval de Troie pour déréguler le secteur des soins de santé, elle tombe carrément dans l’excès de zèle.

« Il faut constater, que l’Europe ne fait plus rêver », avait dit très justement Jean-Claude Juncker, alors président en exercice du Conseil européen, au lendemain du « non » français à la constitution. En effet, l’Europe libérale dont les dogmes ne sont pas remis en questions à cause de son déficit démocratique, cette Europe-là ne fait plus rêver. Ou alors seulement des gens comme José Manuel Durão Barroso...


Cet article paraîtra dans la Savatte (le journal des étudiants de l'UCL) du 11 décembre 2006

En bonus, quelques citations de l'éminent non-conférencier: "Ensemble, nous pouvons vaincre !", ou encore : "Nous devons avoir la nostalgie du futur !"

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