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EBE (ancienne adresse): l'Europe des Régions et le sous-nationalisme europhile

mardi 19 décembre 2006

l'Europe des Régions et le sous-nationalisme europhile

Il n'avait que ce mot-là à la bouche mercredi dernier à "Mise au point". L'Europe, l'Europe et encore l'Europe. Mais pas n'importe laquelle. José Happart, parce que c'est de ce grand homme dont il s'agit, kiffe l'Europe des Régions.
Ca lui faisait au moins un point commun avec Geert lambert, l'imposant président de Spirit (parti "nationaliste" et progressiste flamand-ex Volksunie).

Vous me direz, mais où est le mal? N'est-ce pas correct de penser que l'avenir est plutôt de ce côté là, au détriment des Etats tels qu'on les conçoit aujourd'hui?

En effet, dans le contexte d'un monde de plus en plus mondialisé, les entités politiques devront s'unir de plus en plus pour fonctionner dans cet ordre des choses. On pourrait alors concevoir des entités politiques plus cohérentes et proches du citoyens -ces fameuses Régions- pour ensuite collaborer avec les voisins au niveau européen.

C'est justement là que le bas blesse.N'est-ce pas un pas en arrière par rapport à cette idée d'unité européenne que de vouloir régionaliser?
Autrement dit, n'est-ce pas contradictoire d'être régionaliste et pro-européen en même temps ?
A titre personnel, aux moyens des quelques réflexions dont je vais vous faire part, j'estime qu'il y a bel et bien une incohérence.

Premièrement, de la façon dont elle est décrite par Geert Lambert - pour le bien de tous, oublions José - cette Europe des Régions aurait plus de compétences qu'elles n'en a actuellement. Bref, a priori, il s'agira d'une sorte d'État fédéral européen composé de Régions.
Ma principale objection se situe justement à ce niveau.
Si cette idée d'Europe des Régions est tellement inscrite dans le futur, les structures fédérales (belges) s'effaceront quasi automatiquement, au contact d'une Europe plus forte; ces structures étant devenus des relais inutiles entre les collectivités plus proches du citoyen et le niveau européen. Pourquoi donc vouloir régionaliser, surtout qu'il n'est pas interdit de penser que rendre les Régions du pays indépendantes rendraient peut-être plus difficile encore l'avènement de cette Europe des Régions; l'avènement d'un telle Europe des Régions n'étant ni pour demain ni pour dans cinq ans.

Deuxièmement, celui s'appliquant plus à Geert Lambert qu'au beau José, certains parmi ceux qui appellent à cette Europe ont déjà du mal à ce qu'un compatriote de l'autre communauté s'installent sur "leur" territoire sans s'exprimer couramment dans la langue dite locale et puisse voter pour un candidat de sa "communauté" d'origine. Dans le cas d'espèce, on pourrait être partisan de ce grand principe (archaïque, selon moi) de la territorialité et européen convaincu en même temps.
La libre circulation des personnes et, plus généralement, la diversité ne sont-elles pas les valeurs fondamentales de l'Europe?
Quand l'on n'est pas capable de faire preuve du minimum de tolérance à l'égard de ses propres compatriotes, il est grotesque de faire croire à un modèle politique justement basé sur de telles valeurs.
En clair, certains de ceux -voir tous ceux- qui se réclament aujourd'hui en Belgique de cette idée d'Europe des Régions sont des gens qui n'ont déjà pas réussi à faire l'expérience d'un État à plusieurs composantes (où la mobilité entre ses habitants n'est pas très importante); et il faudrait croire que cette Europe se construira avec eux...
L'idée européenne contenue dans le discours de ces régionalistes n'est-elle pas l'élément indispensable pour rendre crédible une telle conception des chôses?

Enfin, pour prendre une posture réaliste peu coutumière de ma personne, je dirais aussi qu'il est quand même fou de croire que l'on pourra s'entendre - sur davantage de matières, en plus, dans le cas d'une Europe renforcée- à 126 Régions (chiffre parfaitement hasardeux, bien entendu) alors que l'on a déjà du mal à le faire à 25 ou à 27...

Sur le même sujet, voyez aussi l'excellent dossier de cafebabel : Qui a peur de la décentralisation ? (remarquez comme la Belgique, loin d'être citée en exemple, y est qualifiée de "laboratoire raté d'une Europe multilingue" ^^)

9 commentaires:

Cab a dit…

Pour reprendre tes arguments :
1) C'est un fait : l'État est de plus en plus un modèle dépassé. Il est vidé de sa substance par le haut (l'UE et les autres OI), et par le bas (régionalisations, fédéralisations, etc.). Donc, effectivement cela se fera tout seul et sur ce point, je suis d'accord avec toi.
2) Le racisme anti-francophone flamand durera tant que durera la Belgique. Du jour où la Flandre est indépendante, ce sentiment diminuera.
3) Alors, là, je trouve justement l'argument irrelevant. À moins bien sûr qu'il faille décider à l'unanimité, ce qui est peu probable vu que l'Europe des Régions telle qu'on la conçoit sera fédérale, décider à 126 sera plus facile qu'à 27. En effet, quand il s'agit de 27 États, leur faible nombre et leur taille différente font qu'il est extrêmement difficile de se mettre d'accord, a fortiori parce qu'ils disposent en plus d'un droit de veto. Par contre, à 126, même les plus grosses régions verront leur poids dilué dans l'immensité européenne. Dès lors, plus aucun grand État n'imposerait ses décisions aux autres (je ne vais pas refaire l'histoire européene, mais les exemples de blocages institutionnels par un seul pays sont foison), de par son poids politique et son droit de veto. Je suis désolé mais les USA, avec 52 États fédérés s'en sortent très bien. Ce sont les petits nombres qui créent des problèmes, pas les grands...

Anonyme a dit…

1) L'Etat n'est pas un modèle dépassé. Voir l'Etat disparaître est même quelque chose qui fait peur aux citoyens. Les non au référendums ont montré ces peurs. Les nationalismes existent et, je pense, existeront toujours d'une façon ou d'une autre si la peur de voir son Etat disparaître subsiste. Par ailleurs, il est faux de croire que l'intégration européenne accrue entraîne une fin des Etats. Je pense même que cette idée est dangereuse.

L'Europe des régions existe déjà: elle s'apelle "le Comité des régions". L'Union intervient par cet organe dans des domaines ciblés pour les régions depuis dix ans. Ce que voudrait un Geert Lambert serait donc élargir les compétences de ce Comité des régions en phagocitant celles du Conseil. A mon avis, ces Geert Lambert et José Happart, qui représentent tout de même une infîme partie de l'UE, doivent être les seuls en Europe à prôner ce genre de truc, pour des raisons purement régionales.
L'Europe peut continuer, avec les institutions qu'elle possède, à agir, en complément avec les Etats, directements aux régions dans des domaines où elle permet une meilleure action, puisque coordonnée à l'échelon européen. Ceci ne dois pas remettre en question la représentativité par états pour les décisions directices. Il existe aussi un Parlement Européen, et c'est en élargissant ses compétences qu'un avenir européen doit se profiler, je pense.
2) Le rascisme anti-francophone flamand n'existe pas tellement. C'est plutôt un gros: "j'en ai rien à foutre!" C'est de l'indifférence par rapport à ce qui se passe en Wallonie et de ses intérêts (et la réciproque est sûrement vraie). Pour ce qui est de leurs représentants politiques, si la Wallonie et Bruxelles sont amené à se redresser économiquement, je pense que beaucoup d'arguments de nationalisme flamingant seront évités.
- Si la Flandre devient indépendante, ce qui semble être la seule solution pour certains, il restera toujours une Flandre et une Wallonie juxtaposée, dépendants économiquement l'une de l'autre; beaucoup de rancoeur wallonne; et l'appartenance à une même Union Européenne exigeant le libre-échange. La fin des problèmes?

Cab a dit…

Juste deux choses :
- quant à l'érosion de l'État, c'est pas moi qui le dit tout seul. C'est un constat que de nombreux chercheurs font.
- quant au racisme anti-francophone: c'est sûr que ce n'est pas le cas de tous les Flamands (loin de moi cette idée), mais il est évident que ça existe. Une circulaire Peeters, par exemple, ça n'est pas de l'indifférence, c'est de la provocation et du racisme. Commencer à favoriser les Flamands dans les milieux professionnels, au détriment de francophones bilingues, c'est du racisme, etc. Ce ne sont pas les exemples qui manquent, même si, certainement, ils ne sont pas représentatifs de l'ensemble de la population flamande.

Cablog

Anonyme a dit…

1 - Racisme francophone, peut-être pas en Belgique mais dans le reste de la France quand on dit que l'on est citoyen français et qu'on parle beaucoup plus que français, ils s'ouvrent la porte des racismes linguistiques français, alors je pense que le racisme linguistique contre la langue française et ceux qui la parlent cela peut se comprendre, au vue de l'histoire linguistique des français (mais ils oublient vite ces français).
2 - j'attends le prochain programme de la RTBF, un soir de rattachement de la Wallonie à la France, Napoléon l'avait voulu ça devrait faire plaisir à Chevènement et Gallo, Le Pen et Myard. Mais ce jour-là, sachez que les occitans et les occitanes du sud de l'État n'ont pas de télévision pour faire des programmes de cet acabi... C'est Paris qui décide tout, et là aussi le ressentiment monte, contre le centralisme démocratique français, à la mode soviétique. Cette bourgeoisie français croit que tout ce qu'elle pense à Paris est parole d'évangile, laïque bien sûr; je comprends les flamands, mais n'en veut pas pour nous les peuples dominés dans les français.
3 - je vous conseille de lire Jürgen Habermas, sur l'État-nation.
4 - l'Union Européenne n'existera que lorsqu'elle n'aura plus comme modèles ceux portés par les français ou les francophones.
5 - en Yougoslavie le serbo-croate est la même langue, la guerre ne tenait qu'à des phénomènes d'ultra-nationalismes liés aux religions, mais le titre du blog est pas mal, il est optimiste, la Belgique n'est qu'un État artificiel, j'espère que sa refondation dans l'Union Européenne fera changer les mentalités françaises et francophones.
@ + pour l'Euròpa dels pòbles, en patz sense los ultra-nacionalismes d'expansions frances, anglesa, espanhòla, etc.

Cab a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Cab a dit…

2) Je crois parler au nom de la grande majorité des francophones belges en disant qu'en aucun cas nous ne voulons être rattachés à la France...
4) L'UE avec, pour modèle, le modèle britannique n'avançerait pas beaucoup non plus, mais c'est un fait que les grands pays nuisent à son développement. C'est pour ça qu'une Europe des régions, c'est pas si mal...
5) À ceci près qu'en Fédération croato-musulmane, les Croates commencent à écrire le Serbo-croate en caractères latins (alors qu'il s'écrit en cyrillique) et à utiliser des mots turcs pour se différencier des Serbes (un peu comme les Flamands ont essayé de différencier leur Algemeen Belgisch Nederlands du Néerlandais des Pays-Bas).

Cablog - Le blog politique

Xime a dit…

Tiens, comment ça se fait que ce post est remonté dans le flux RSS ? Tu l'as adapté récemment Francky ? Faudra faire attention à pas trop modifier de vieux posts (j'ai fait pareil avec mon article sur le wooncode), parce que pour ceux qui s'abonnent au flux RSS pour connaître les nouveaux articles, ces vieux posts reliftés apparaissent tout en haut de la liste comme si c'était de nouveaux posts...

Franky ki a dit…

de fait rédac'chef, j'ai ajouté l'un ou l'autre détail dans l'article. Faudra juste m'expliquer comment ne pas faire remonter le bazar? J'ai même pas cherché je t'avouerais, je pense savoir comment faire

Xime a dit…

point de rédac'chef par ici mon p'tit gars, notre blog d'abord !
Sinon ben je ne sais pas comment faire pour ne pas faire remonter le post. Je crois qu'il n'y a pas moyen :/

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